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Rosebank

Langoureux mais épicé

Distillerie emblématique des Lowlands, fondée en 1840 à Falkirk et vite très appréciée des blenders. Elle s’est caractérisée par la triple distillation, selon le modèle irlandais pratiqué fréquemment dans la région. Mise en sommeil en 1993, rien n’indique qu’elle devrait réouvrir prochainement, malgré la réputation dont elle jouit. Et ses malts sont de plus en plus rares…

Ambré léger. Nez discret, avec une petite présence de fruits compotés et de malt. Attaque onctueuse, où rivalisent les pommes cuites, la cannelle, le poivre noir et la banane. Très harmonieux, il est presque langoureux, mais réveillé par les notes épicées qui se développent particulièrement sur la finale. Très belle influence du xérès, qui enrichit fortement la base maltée. Un vrai bonheur à déguster lentement et longuement.

Poit Dhubh

Un vénérable pas vraiment assagi

Élaborée par Sir lan Noble sur l’île de Skye, la gamme des whiskies gaéliques est conçue comme un porte drapeau de la langue et de la culture gaélique. C’est pourquoi on ne la trouve qu’en Ecosse et dans les pays de tradition celte… mais aussi en France. Elle comprend les blends Mac Na Mara (Le fils de la mer) et Te Bheag (La petite dame des îles) et un pure malt, Poit Dubh (L’alambic noir illicite) qui fait référence aux origines clandestines des whiskies celtes… comme écossais.

Ambré clair. Nez charmeur, sur la pomme compo-tée, le toffee. Moelleux à l’attaque, il présente une belle puissance pour son âge. Le corps est puissant, avec des arômes bien fondus, mais garde une belle vivacité, autour du miel d’acacia, de la tarte Tatin et quelques notes de caramel. C’est à peine si l’âge l’a assagi…. Dommage que la persistance soit tout de même un peu courte.

Old pulteney

Entre miel et mer

La plus septentrionale des distilleries écossaises (exception faite des Orcades) remonte à 1826, et doit son nom à sir Williams Pulteney, directeur de la Société des Pêches britanniques qui y construisit un port modèle en 1811. Tout en changeant plusieurs fois de propriétaires, la distillerie a surtout fourni les blenders, qui apprécient son malt autant pour ses notes salées (la mer n’est qu’à 20 km) que ses caractères fruités dus à l’emploi de fûts de xérès (manzanilla) qui lui donnent son style assez sec.

Nez sec, austère, un peu fumé, puis s’ouvrant sur le maritime (iode, goudron) avec une pointe herbacée. Bouche suave à l’attaque, puis devient plus épicée, tout en conservant un caractère miellé. Bien charpenté, il déroule lentement une grande puissance aromatique, où l’on retrouve la bruyère, le bois de santal, avec des notes de fruits cuits (pruneau). La finale retrouve le côté salé, un peu astringent. Très long en bouche, il met beaucoup de temps à se faire oublier.

Octomore 4

Inclassable de plus en plus

Portant le nom d’une des sources qui alimente la distillerie de Bruichladdich, sur Islay, Octomore a été conçu par Jim Me Ewan comme le single malt le plus tourbe qui soit. Cette quatrième version en repousse encore les limites, avec un taux de phé­nol de 167 PPM, contre 152 pour celle de l’an der­nier… Mais où s’arrêtera le sorcier d’Islay ? Jaune pâle.

Au nez, la tourbe est là, sans être trop expressive, même après une bonne aération, et s’accompagne de notes de fleurs jaunes et d’her­bes aromatiques (thym, sauge). En bouche, attaque forte, voire brûlante, mais supportable sans eau. Puis le malt devient plutôt onctueux, riche, opulent, nettement moins sec que les versions précédentes. Bien que bien fumé, il évolue sur le végétal, voire le floral. Finale plus orientée sur le sec et l’épicé… avec un caractère minéral très concentré… De plus en plus original et inclassable, mais à ne manquer en aucun cas.

Mortlach

Un Speyside atypique, mais superbe

Existant dès 1823, année de la légalisation du scotch whisky, cette distillerie de Dufftown, au coeur du Speyside, a été plusieurs fois modernisée, tout en continuant à élaborer un malt très apprécié des blenders pour sa richesse et sa puissance… d’où la grande rareté de ses single malts. Une distillation en deux étapes et demie (mais différente de celle pratiquée à Springbank) expliquerait son caractère original, ainsi que la grande diversité de formes de ses alambics.

Ambré doré soutenu. Nez puissant, épicé, avec pêche jaune, sucre candi et du gras. Attaque puissante, vite épicée, mais avec du moelleux en arrière-plan. Corps bien charpenté, avec une riche palette aromatique : fruits jaunes, céréales maltées, biscuits au beurre, cire d’abeille, puis évoluant sur une finale de plus en plus épicée (poivre noir). Une puissance bien inhabituelle pour le Speyside, et surtout d’une étourdissante richesse aromatique.

Miltonduff

La pleine maturité d’un Speyside

Etablie sur les terres d’un prieuré bénédictin, où aurait existé une brasserie, cette distillerie du Speyside, au sud d’Elgin, remonte au moins à 1824, mais a été modernisée à plusieurs reprises depuis, notamment dans les années 1970. Ses malts sont principalement destinés aux blends, surtout Ballantine’s, et de ce fait peu disponibles en embouteillage en single malt.

Jaune doré. Nez moelleux, assez doux, fruits jaunes bien fondus. Attaque vive (surtout pour cet âge…) puis devient moelleux et harmonieux avec une structure très fondue. Sur une base bien maltée, on distingue la pêche jaune et la prune, relevées par quelques notes poivrées. Longue finale bien persistante. Un vrai Speyside en pleine maturité.

Macallan 16 ans

Apéritif et aromatique ? Mais oui !

Cette ancienne distillerie de ferme, placée au coeur du Speyside, s’est hissée depuis plusieurs décennies au sommet de la hiérarchie des malts, ce qui explique sa fière appellation de “The Macallan”. Une réputation qui doit beaucoup à l’utilisation longtemps exclusive de fûts de xérès pour le vieillissement, aujourd’hui abandonnée dans les nouveaux embouteillages (Fine Oak), mais aussi à une réelle maîtrise de l’art de la distillation.

Jaune doré. Nez puissant, à dominante maltée puis herbacée, avec une pointe de résine. Bouche d’abord onctueuse, puis d’une grande puissance (surtout à ce degré de réduction). D’une grande ampleur, il associe avec élégance un bel arc-en-ciel aromatique, où l’on retrouve le caractère malté, mais aussi le foin séché, la térébenthine et la sève de pin, relevés ensuite par de fines épices (poivre, coriandre, gingembre). La finale évolue sur une tonalité sèche, légèrement astringente, et donc très apéritive. Vraiment étonnant pour un Macallan, ce qui n’empêche pas le plaisir…

Macallan

Sec et bien robuste

Cette ancienne distillerie de ferme, placée au coeur du Speyside, s’est hissée depuis plusieurs décennies au sommet de la hiérarchie des malts, ce qui explique sa fière appellation de « The Macal­lan ». Une réputation qui doit beaucoup à l’utilisa­tion longtemps exclusive de fûts de xérès pour le vieillissement, aujourd’hui abandonnée dans les nouveaux embouteillages (Fine Oak), mais aussi à une réelle maîtrise de l’art de la distillation. Jaune doré soutenu, proche de l’ambré.

Nez de fruits secs (amande, raisin de Corinthe), avec une pointe de toffee. Attaque d’abord suave, très enve­loppante, puis il développe une puissance plus musclée, à dominante de fruits cuits, de pruneau, de noisettes grillées. Belle présence épicée : poivre noir, cannelle, quatre épices, le tout très fondue. Sur la finale, le boisé très marqué s’accompagne des notes fruitées caractéristiques du xérès, avec une belle persistance. Bien robuste avec un caractère sec omniprésent.

Longrow 18 ans

Pour un après midi automnal

Portant le nom d’une ancienne distillerie de Campbeltown fondée en 1896, et dont le dernier bâtiment existant abrite un des chais de Springbank, Longrow est aujourd’hui un single malt distillé dans les mêmes alambics que ceux servant à élaborer le Springbank. Mais est utilisé un malt entièrement tourbe (et non partiellement), avec une double distillation classique, et un vieillissement uniquement en fût de réemploi. Ce malt, peu produit, a servi d’abord à donner des notes tourbées aux blends de Springbank, avant d’être commercialisé en single depuis les années 90.

Jaune doré. Au nez, les notes tourbées se développent en premier, mais sans brutalité, bien accompagnées par la poire mûre, le havane, le vieux cuir, mais aussi une fraîche pointe herbacée. En bouche, belle puissance poivrée, puis la tourbe végétale (peu phénolique) s’installe en majesté. Très bel équilibre général, avec beaucoup de caractère. Sur la finale, se développent des notes de sous-bois, d’humus, de champignons sans que la puissance poivrée ne perde de sa vigueur. Idéal pour une fin d’après-midi d’automne, d’autant que sa persistance est aussi remarquable ! L’âge lui va admirablement…

Linkwood

Un apéritif bien élégant

Fondée en 1821, cette distillerie d’Elgin, dans la partie nord du Speyside, a connu de nombreux remaniements depuis. Toutefois, l’un de ses dirigeants, entre les deux guerres, était renommé pour ne remplacer qu’à l’identique les alambics trop âgés, en y martelant les mêmes bosses. Les deux importants alambics d’origine (maintenant non utilisés) ont été complétés par quatre autres lors d’un agrandissement en 1973. Surtout secs et épicés, les malts développent également d’autres aspects grâce à l’utilisation de fûts de xérès.

Jaune pâle. Nez sec comme un fino, avec des notes de fleurs blanches. Attaque fine et élégante, puis il prend une belle puissance, avec un caractère bien sec, épicé et même poivré. Accompagné par un joli fruité (poire surtout), il prolonge son caractère sec et bien apéritif jusqu’à la finale, offrant une jolie persistance.