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L’EMPIRE DES SENS

Attentif, les yeux plissés dans un intense effort de concentration, aucune trace d’inattention dans le regard, essayant de retrouver là, dans le breuvage doré ce que nous dit le commentateur, interprète initié de nos élixirs.

Le nez au dessus du verre essaye de capter les arômes multiples, saisir les dominantes, analyser les harmoniques, appelle sa mémoire olfactive, désorienté par la complexité des sensations qui l’envahissent, parfois par le picotement du whisky non réduit ( et qu’un peu d’eau pourrait estomper…)et qu’il faudrait traduire, puisqu’il faut des mots pour le dire , tel est l’amateur du Clan au cours de la dégustation !

Et puis là sur la langue, d’autres sensations, moins subtiles peut-être, la brûlure de l’alcool qu’il faut ignorer, la rétro olfaction, l’onctuosité sucrée ou l’amertume, l’astringence qui resserre les papilles, la finale par laquelle le bouquet s’exprime, mêlant l’odorat et le goût, la persistance qui prolongera le souvenir pendant quelques instants…Après quoi, les avis s’expriment et bien souvent divergent curieusement de ce que l’on nous aura suggéré.

Mais ne lit-on pas sous la plume des nez les plus subtils et des plus éminents palais et pour un même élixir : « nez : de la pâte brisée sortie du four pour l’un, et pour l’autre : herbacé, poire verte, noisettes…. ». Ou encore : « nez : cuir neuf, croûte de porc, ou Loukoum, résineux, écorces d’oranges…. » plus loin « nez :noisette, cacao en poudre, foin, pour l’un, tarte au citron, agrumes, marmelade d’orange, pour l’autre….. ».
Troublant, is’t it ? Mais rien d’anormal dans tout cela, puisqu’au delà d’une description purement analytique qui se veut la plus objective possible, au delà des arômes fondamentaux, le fruité, le boisé, le tourbé, le floral, le soufré, le vineux etc.. et de leurs déclinaisons, intervient toute la personnalité et la subjectivité du traducteur, ses sensations propres, ses impressions, comparant le présent à des expériences olfactives passées (Proust où est-tu…..), subissant aussi l’influence du moment et du lieu.

Comme la musique et le chant modifient notre état d’âme, le whisky transcende-t-il nos sens ?
Cet alcool de céréales n’aurait sans doute pas grand chose à dire, s’il n’y avait l’apport de la tourbe et de l’alambic et qu’au delà d’arômes originels, maltés, tourbés, nos whiskies se recouvrent pour l’essentiel des arômes du bois, et du vin ou des alcools qui l’auront imprégné, aboutissant par l’alchimie de leurs apports organoleptiques, à cet extraordinaire richesse et cette infinie variété d’arômes qu’il faudra bien décoder.

Alors s’il vous plait durant nos dégustations, n’ayez pas honte de dire ce que vous ressentez, laissez vous aller à vos propres impressions, utilisez votre propre vocabulaire. Échangeons, laissons libre cours à notre interprétation qui va chercher dans des évocations personnelles ce qui fait notre singularité. Voilà aussi où se trouve l’intérêt et la réussite d’une dégustation et ne mettons pas l’analyse avant la notion de plaisir.

Gérard TRENTESAUX

LA COULEUR DU TEMPS

Il y a quelques années, Georges Brassens évoquait dans son poème ‘’Saturne’’, le temps qui nous file entre les doigts, et puis ce sursaut qu’est l’été de la Saint Martin. Ce moment magique de l’Automne, quelques jours, une semaine au plus, ‘’l’été indien’’ de nos cousins d’Amérique, quand la végétation renouvelle sa palette de couleur dans un chatoiement éphémère. Pour la décrire, nous échappons volontiers aux couleurs fondamentales, bien limitées pour dépeindre l’infinie variété des nuances végétales.

Chaque description laisse un bonne part à l’improvisation, sans qu’une parfaite objectivité soit nécessaire pour traduire nos impressions, et laisse le langage s’inspirer de multiples comparaisons.

Lors d’une dégustation, prenons le temps et regardons au travers de notre verre dont la qualité et la transparence sont essentiels pour apprécier de subtiles gammes de couleur.

Richesse de couleur, la teinte de notre whisky peut aller du plus pâle au foncé le plus profond. En fin de distillation, lors de la mise en fût, le whisky est incolore et transparent. Son séjour plus ou moins prolongé en tonneau, la variété de celui-ci, le vin ou l’eau de vie qu’il aura auparavant hébergé, va lui donner une coloration unique dans toute une variété de nuances. Or pâle, reflets verts, jaune pâle, soutenu ou ambré, parfois aux reflets orangés, jaune doré, paille, cuivré, ambré plus ou moins profond jusqu’à l’acajou, rougeâtre ou couleur de mélasse, les mots ne manquent pas pour décrire toutes les variations que notre futur breuvage va acquérir au cours de sa maturation, et qu’il conservera après sa mise en bouteille, jusqu’à sa destination finale : notre verre !

Le chêne Américain ayant contenu du Bourbon, quel que soit le temps, marquera tout au plus le whisky d’une teinte dorée plus ou moins soutenue, plus ou moins discrète, le Bourbon ayant auparavant acquis sa couleur ambrée au contact des sucs caramélisés des barrels. Un fût de Xeres Oloroso s’il est de premier remplissage, donnera rapidement une belle robe couleur d’ambre ou de mélasse. La coloration au contact d’un fino ou d’une Manzanilla, restera discrète et pâle, bien éloignée d’un profond Pedro Ximenes. Un beau ‘’château’’ ou un Porto, marqueront le whisky d’une nuance rosée caractéristique. Quand avec l’or soutenu du Sauternes, c’est un joli mariage. Mais un fût, après plusieurs remplissages, n’aura plus de message à transmettre… et pour uniformiser certaines gammes, l’essence de caramel n’est pas toujours absente !

Le développement sans limite des finitions, fûts de vin Blanc, allant du Chenin au Sauternes, fûts de vins rouge, du Bordelais au Côtes du Rhône, en passant par de grands crus Italiens, les classiques que sont les vins mutés de Porto ou de Madère, les rhums incontournables, de mélasse ou agricoles, ajoutent encore à la diversité des couleurs de nos whiskies.

La couleur de votre whisky dans son aspect final, n’est donc ni un critère de qualité, ni un critère d’âge mais plutôt le reflet de l’alchimie qui s’est opérée entre le contenant et son contenu, entre le bois et l’eau de vie, entre sa vie antérieure et le ‘’new spirit’’.

Slainte

Gérard TRENTESAUX

LE CLAN ET LA COM, LA COM ET LE CLAN

Dans notre petit microcosme une majorité d’entre nous reste attachée à la lettre papier, c’est beau mais c’est lent… Entre sa conception, son édition, sa publication, interviennent souvent des modifications de lieux et de dates pour nos soirées, qui déconcertent les plus patients d’entre nous (ou les moins patients, question de point de vue !). Le site est un relais d’infos qui a ses qualités et ses défauts, encore faut il que celles-ci soient vérifiées par le webmestre. Restait la confirmation ultime par mail qui nous a été suggérée lors de la dernière AG, et que nous testons avec conviction.

Depuis vingt siècles et plus, les hommes n’ont cessé de chercher à rendre plus efficaces leurs moyens de communication. Pour cela il y a l’outil, le langage et le contenu.

Les tours de guet romaines, furent les premières à permettre de communiquer à distance. Quelques siècles plus tard, les Gênois truffèrent la Corse de tours communiquant entre elles par des feux, afin de prévenir des invasions barbaresques. Tout cela restait rudimentaire. Puis sous Louis XIV les codes de pavillons améliorèrent le sens. Les frères Chappe mirent au point le télégraphe sous la première révolution, et à la demande de Napoléon 1er on vit la naissance et le développement du sémaphore avec ses bras articulés. Les signaux de fumée furent, sous d’autres cieux, une forme de communication optique utilisée sur de longues distances, développée par les natives d’Amérique du nord et en Chine. Mais en l’absence de langage standardisé, ne permettaient de transmettre que des messages très simples, l’émetteur et le receveur se mettaient d’accord à l’avance sur le code. « Toi Jane, moi Tarzan » (N’oublions pas le Vatican lors de l’élection d’un Pape !)

Télégraphie aérienne puis électrique, chaque innovation fut progressivement mise à disposition du public. Le téléscripteur, puis les réseaux télex qui bientôt supplantèrent le télégraphe. L’alphabet morse, (du nom de Mr Morse et non du mammifère marin…) par son codage  est sans aucun doute le précurseur des communications numériques.

Dans le dernier quart du XXème siècle, chaque année nous a apporté une nouvelle innovation, et le développement accéléré de ces technologies ne nous laisse souvent pas le temps de nous adapter à toutes les fonctions de la précédente !! L’ordinateur personnel, le téléphone numérique, l’Ipod, l’Ipad qui va bientôt rendre obsolète nos bons vieux PC portables. Chaque nouvel outil nous parait vite incontournable sinon indispensable, sauf à rester sur le bord du chemin, ce qui, après tout, peut être un choix…

Parallèlement la mise au point de l’ancêtre du net par l’armée Américaine en 68 (C’était hier !) allait être le point de départ d’une fantastique révolution, internet dans les années 1980, les réseaux des universités et des chercheurs, le WEB et les moteurs de recherche dans les années 90, permettant de partager le savoir et l’info n’importe où et n’importe quand, et maintenant les réseaux dits sociaux. Tout cela n’est pas fini. Cette évolution passionnante, vécue par la dernière génération, montre que le moyen le plus récent fini toujours par l’emporter.

Vous me direz quel rapport avec le whisky et nos rendez-vous ? Attendez que je retrouve mon fil conducteur, et revenons au Clan. Depuis peu de temps nous confirmons dates et lieux par mail en Ile de France, pour que parvienne le message à son destinataire dans les meilleurs délais, tout cela parait merveilleux. Comme pour le bon vieux courrier, l’adresse email doit être exacte et précise.

Et là, surprise ! Près d’un tiers de nos amis n’ont pas, ou ne nous ont pas communiqué cette adresse, ou celle-ci est inexacte, peut être ont ils changé d’opérateur…quand elle n’est pas illisible sur un document d’inscription !
Optimistes, nous sommes persuadés que ces quelques réflexions, vont amener la plupart d’entre vous à nous transmettre ces précieuses informations…par mail, bien sûr !
Slainte

Gérard TRENTESAUX

DU NOUVEAU A L’EST

Vendredi 13, ce jour a ceci de particulier qu’il reste associé à une superstition encore présente fréquemment, qui en fait pour certains un jour néfaste (on parle alors de paraskevidékatriaphobie) ou faste pour d’autres.

Le 13 mai dernier, c’était un jour faste pour un petit groupe d’entre nous, qui avait pris la tangente vers l’Est, et malheur aux absents ! A l’initiative de Daniel Billerey, chez qui je reconnais au moins deux passions, les belles voitures anciennes (qu’il restaure sans modération !) et les belles eaux de vie (qu’il consomme avec modération !), une soirée sur le thème de whiskies et rhums prestigieux fut organisée dans une superbe maison au cœur du massif des Vosges, l’Hôtel JULIEN à Fouday, et nous fument sollicités pour apporter modestement la bonne parole, et présenter quelques belles bouteilles.

Le centre de cette maison c’est encore la ‘’winstub’’ crée il y à plus d’un demi siècle par Julien Goetz père. Maintenant c’est un ensemble d’exception pour la table comme pour l’hôtellerie, où tout est prévu pour vous maintenir ou vous remettre en forme, piscine, spa, sauna, fitness, soins etc,etc…Tout cela dans un cadre bucolique, sur les bords de la Bruche, la petite rivière qui coule tranquillement à quelques pas, loin de l’agitation de la ‘’ route des vins’’.

Venons-en à la table, Gérard Goetz, petite moustache et grand cœur, anime avec son épouse et ses filles, plus qu’un Hôtel et un Restaurant, où certes l’on serait bien, mais aussi un lieu où se succèdent au long de l’année, des weekends ou des soirées à thèmes, attirant chez lui les amis, les gourmands, les curieux, les étrangers de passage, les amoureux de la nature, et plus généralement les amoureux de la bonne chère. Une équipe jeune et attentionnée, dans une ambiance décontractée, est aux petits soins avec les hôtes qui se pressent ici.

Des chefs renommés, des producteurs, des spécialiste sont invités pour animer ces soirées, et c’est ainsi que Gérard Goetz nous avait laissé carte blanche pour parler du whisky, en tester quelques uns découvrir des rhums d’exception, et voyager au long de cette soirée entre les brumes de la septentrionale Ecosse et les tropiques.
Nous avons joué l’éclectisme dans notre sélection afin de montrer la complexité et la richesse de l’univers des belles eaux de vie, en souhaitant que de futurs passionnés viennent nous rejoindre.

Slainte

Gérard TRENTESAUX

QUELQUES RÉFLEXIONS… SANS CONSÉQUENCE !

Étant d’un naturel optimiste, je persiste à croire que ce qui fait la richesse du Clan c’est la diversité et l’ouverture indispensables à son renouvellement, et qu’il n’y a pas de critères de reconnaissance pour tel ou tel, en fonction de son ancienneté ou de son pouvoir d’achat, afin que chacun, quel que soit son profil, y trouve son compte.

Le goût des belles et bonnes choses, l’indispensable attrait pour la convivialité d’un club, la curiosité et la tolérance sont les mieux partagés parmi nous, et permettent d’attirer et d’intéresser ceux qui furent souvent la première fois de simples visiteurs.
Les anciens, les membres ‘’fondateurs’’, encore nombreux (même s’ils ont pris quelques rides et quelques cheveux blancs), ont beaucoup de choses en commun, ils sont le ciment qui facilite l’amalgame, le noyau dur de notre club!

Bon nombre d’entre nous, au début encore néophytes, n’était pas loin de penser, que les whiskies brut de fût restaient le domaine d’initiés et que leur abord délicat en réduisait l’accès. Les innombrables découvertes nous ont montré le contraire tout en forgeant notre expérience, continuons à la partager.

Rappelez-vous, déjà en 1997 nous découvrions notre première bouteille de souscription, un malt soyeux sous les couleurs du Clan, un Teaninich déjà, puis ce furent les Macallan, Linkwood, Ardbeg, Old Pulteney, Glengoyne et bien d’autres, qui vinrent tour à tour nous surprendre dans nos chaussons de Noël.

Comme dans la vie, ce sont les bons moments dont le souvenir revient, les petits souvenirs retrouvés par hasard, qui suscitent pendant quelques instants une impalpable nostalgie.

Au travers des voyages, initiés et développés avec une infatigable énergie par notre ami Gilles dès nos débuts (ceux qui l’ont connu n’ont rien oublié), c’est l’esprit du Clan qui a permis de dérider les plus soucieux, de décoincer les plus sérieux, de détendre l’atrabilaire, et d’oublier pour quelques jours le quotidien. Ce furent d’insolites rencontres, des visites improbables comme la distillerie Fettercairn, les iles Orkney en novembre, la découverte d’Arran au tout début de son activité, seule sur cette ile qui en compta dans le passé plus d’une cinquantaine (la plupart illégales !). Ou encore des dégustations d’anthologie, chez Glenmorrangie ou, souviens toi, à Cambeltown jusque tard dans la nuit…

Mais ne nous penchons pas trop sur le passé, et ne nous félicitons du présent que s’il permet de nourrir l’avenir du Clan. Chaque nouveau membre mérite notre attention, ce sont eux qui d’année en année assurent par leur intérêt le dynamisme et le renouvellement de notre club. Ils sont, comme nous l’étions, avides d’insolite, d’originalité ou de rareté, mais aussi d’amitié et de bonne humeur.

Sur l’Ile d’Islay on dit, à propos de l’alchimie du whisky “ the human being is the most important ingrédient “, c’est encore vrai à propos de la vie des associations, plus important peut être que l’objet même qui les anime, j’espère qu’encore longtemps, on pourra dire cela des groupes d’amis d’ici et là, qui font le Clan des Grands Malts.

Slainte,

Gérard TRENTESAUX

LA ROUE TOURNE

Cette image qui symbolise l’avancement perpétuel, celui du temps au cours duquel les choses évoluent, en bien comme en mal, comment ne pas l’appliquer au Clan ?

Chaque année nous apporte notre lot de satisfactions et de changements, 2010 n’a pas fait exception. L’implication toujours plus vive de deux d’entre nous, Jean Marc Danquigny et Tony Terrain, dans les projets et la réalisation des voyages, une idée ou deux et dans les semaines qui suivent, un canevas est prêt !

La découverte et l’expérimentation de nouveaux lieux de rendez vous sur Paris, grâce à Michèle Collet et Marie Hélène Magnant, qui testent avec bonheur. La pugnacité de notre ami Monégasque Hervé Colozier, qui fait découvrir nos élixirs au sein des Rotary et des Lyons de la région.
La sélection ( avec l’aiguillon de nos amis Nordistes ), vers plus d’éclectisme sans renier les classiques, et la recherche inusable de notre ami François Xavier qui, dans les dernières semaines de 2010, plutôt que de nous voir déçus par la bouteille de souscription qui ne correspondait pas à notre première impression, nous a déniché un fût magnifique qui a fait l’unanimité au sein du conseil. What else ?

Mais aussi des déceptions lorsque nous constatons cette année un certain effritement du nombre de nos adhérents, et parfois du nombre de participants à nos dégustations sur Paris ( mais que font-ils donc de leurs soirées ?).

Cette évolution nécessaire, nous la voyons aussi au travers du renouvellement des membres du conseil avec des administrateurs motivés, mais au sein duquel nous serions avisés d’évoluer vers la parité, à condition que nos amies, nos compagnes, nos collègues, dont la finesse et la sensibilité ne pourraient qu’influencer favorablement la majorité masculine, se manifestent !

Chaque année, lors de l’assemblée générale, le conseil élit son bureau parmi les membres candidats, Président, Trésorier, Secrétaire général, le poste de Vice Président restant vaquant. Pour avoir depuis quatorze ans exercé ces différentes fonctions, je peux affirmer que ce n’est ni une sinécure, ni un titre honorifique, mais du temps passé au service du Clan et de ses membres. C’est sans doute pourquoi les candidats ne se précipitent pas, malgré nos sollicitations, et l’on en revient au temps qui coure. .. Cette année sera peut être l’année du changement, toujours dans le même esprit mais avec des idées nouvelles et un dynamisme renouvelé.

Bonne année maltée à tous et à toutes.
Gérard TRENTESAUX

DE L’UNIFORMITÉ NAIT L’ENNUI

Depuis les temps reculés (1997, au siècle dernier…) où nous portions le Clan des Grands Malts sur les fonts baptismaux, rares sont les distilleries qui sont passées au travers des mailles du filet de notre ami François Xavier Dugas dont l’inlassable quête s’efforce de satisfaire l’inlassable curiosité des membres du Clan ! Plus d’une centaine d’entre nous était déjà présente lors des actes fondateurs, et poursuit encore avec nous de passionnantes découvertes.

Si par hasard, l’un d’entre eux eut été collectionneur, c’est près de 600 whiskies qui celui-ci pourrait à présent aligner sur ses étagères, soit un linéaire de plus de plus de 45 mètres, avec un nombre impressionnant de whiskies embouteillés pour le Clan, et quelques ‘’collectors’’ qui nous font encore rêver ! Il pourrait alors rivaliser avec quelques une des plus belles collections privées de whiskies au monde, qui atteignent parfois plus de mille de bouteilles. Certains d’entre nous (j’ai les noms…), petits buveurs, revendiquent plus de cinquante flacons, ce qui est déjà respectable, mais tous n’avouent pas ! Rien à voir bien sûr, avec des collections professionnelles impressionnantes comme celle de Guiseppe Begnoni à Bologne, qui détient plus de 40 000 bouteilles de vieux whiskies dans les chais de Whisky Paradise ! Ou encore les 3 000 versions du Waldhaus am See de Saint Moritz offertes à la dégustation. Vive internet…

Mais le plaisir de déguster et de faire connaitre, fait que la plupart de nos fioles sont vides, et la mémoire du Clan ne subsiste qu’au travers de la saine lecture de nos bulletins, et de la contemplation nostalgique de quelques flacons rescapés. Heureusement, ces souvenirs alimentent encore les conversations dans nos soirées.

Collectionner ou déguster faut-il choisir ? Pour satisfaire l’un et l’autre cela nécessite, ce va de soi, d’acquérir au moins deux exemplaires de chaque produit. Et comme le rappelle le vieil adage Ecossais (je ne suis sûr, ni des termes, ni de l’origine…) : ‘’ le whisky ne s’use que si l’on s’en sert ’’, et conservé dans un ombre propice, il restera inaltérable, ce qui n’est pas le propre de l’homme. L’avantage de cette collection, et non des moindres, c’est que si l’on s’en lasse on peut suivre le conseil avisé de Charles MacLean et la boire !

L’engouement pour les whiskies rares et le goût de collectionner ces eaux de vie, est un phénomène récent, en particulier en France, où il a fallut petit à petit se débarrasser du Coca Cola dans nos verres, puis des glaçons, remettre la plupart des ‘’ blends’’ à la place qu’ils méritent (mais il y a de pires breuvages ), enfin apprendre et apprivoiser les singles malts et les casks strength grâce à des importateurs audacieux, pour pouvoir les apprécier dans leur diversité selon les circonstances et selon notre humeur.

Que les Gascons et les Charentais veuillent bien me pardonner, mais sans les Gi’s et le Coca Cola, serions nous encore limités à la ‘’fine à l’eau’’ ?

Slainte,

Gérard TRENTESAUX

NOUVELLES D’ICI ET D’AILLEURS

Pour la plupart, les vacances viennent de prendre fin avec son lot de souvenirs, d’amitiés, de découvertes, d’évasion, et parfois le hasard de rencontres insolites.

Souvent, pour beaucoup d’entre vous, les vacances c’était le plaisir de la cuisine en plein air et des cocktails improvisés ! Un cocktail, faut-il le rappeler, c’est un mélange de ce que l’on veut dans les proportions que l’on veut… alors place à l’imagination et pourquoi pas les mélanges à base de whisky ! Bien sûr, pour amuser vos amis, il vous fallait une petite panoplie pour arriver à vos fins, avec au minimum, un shaker pour remuer (Pour les séniors, souvenez vous, ‘’to shake rattle and roll’’, Bille Haley, 1954), un tumbler (c’est un grand verre d’un demi-litre) un presse-citron, une cuillère à mélange, … et des verres évidemment !

Les barmen, amateurs ou professionnels, n’ont pas fini de nous surprendre, et au risque de perdre tout sens moral, nous pouvons recenser près d’une centaine de recettes où interviennent whisky, rye ou bourbon, depuis le très classique Manhattan : 2/3 Scotch, 1/3 Noilly, 2 traits d’Angustura, 2 traits de Cointreau, 1 zeste de citron, jusqu’au Napoléon associant le whisky et le gin avec sucre, citron et zeste.
Nous pouvions donc flâner au gré de notre inspiration, sous tous les climats, au milieu de bouteilles oubliées pour proposer des boissons inattendues à nos amis, nos voisins, nos invités, en laissant pour d’autres jours nos fioles préférées.

Plus sérieusement, il nous reste à souhaiter que vous avez passé de bonnes vacances… et fait peut être de belles découvertes maltées! Peut être l’un de vous a-t-il cédé fin Août à l’appel du large pour participer, autour de Bréhat, à la croisière aux 96 iles et aux 5 whiskies, organisée par Jean Donnay (Glann ar mor, c’est lui) sur la ‘’Nébuleuse’’ un vieux gréement de 19 mètres.
Maintenant il faut vous préparer à une nouvelle saison avec le Clan, et accessoirement reprendre vos obligations professionnelles. Quelques privilégiés vont prolonger leurs vacances par une escapade en Ecosse avec le Clan, et découvrir les Lowlands fin septembre. Les aléas des inscriptions puis des annulations font qu’après avoir envisagé deux voyages successifs nous n’aurons qu’un groupe un peu plus étoffé pour visiter châteaux et distilleries. Alors, souhaitons-le, dans ce prochain voyage comme dans ceux qui l’ont précédé, chacun d’entre-nous y trouvera son compte pour évoquer plus tard les bons moments passés ensemble.

Régulièrement certains des courriers qui vous sont adressés nous reviennent après des changements d’adresse où des adresses imprécises. Avec la poste, le téléphone, internet, les SMS, les mails, nous avons l’impression d’être suivis, pistés, et qu’il est impossible d’y échapper ! Voyager, c’est le plus souvent partir puis revenir, alors profitez de cette rentrée pour vérifier et nous communiquer vos changements de coordonnées si elles doivent avoir lieu.

Slainte

Gérard TRENTESAUX

AMÈRES RÉFLEXIONS…

Pour notre assemblée générale annuelle nous étions il y a quelques semaines reçus au Club House du golf d’Ableiges, proche de Génicourt où Pascal Dutarte reçoit régulièrement nos amis de la région de Cergy autour des whiskies du Clan.
Lors de cette assemblée, le renouvellement d’une partie du conseil a permis d’accueillir Marc Goubert pour qui la vie associative n’a pas de secret.
Bien que nous ayons essayé de susciter de nouvelles vocations pour la présidence, la trésorerie et le secrétariat général, le conseil a reconduit le bureau à l’identique, et nous en avons encore repris pour une année !

Ce fut l’occasion de rappeler notre préoccupation concernant la consommation d’alcool lors de nos soirées afin que nos comportements responsables en limitent les risques. Le plus souvent lorsqu’on aborde ce sujet, les idées les plus farfelues circulent, sur la tolérance, les taux d’alcoolémie, les indications des alcootests qui resteraient négatifs lors de certaines dégustations…et il n’est peut être pas inutile de rappeler certains fondamentaux auxquels les avis personnels ne peuvent rien changer.

La consommation d’alcool affecte de façon incontournable la rapidité de notre réaction lors de la survenue d’un évènement imprévu, elle affecte le jugement, l’impression stimulante que l’on ressent est trompeuse avec, quoi qu’il arrive, une diminution de notre vigilance. Et si la tolérance varie d’une personne à l’autre notre comportement sera de toute manière modifié. Cette tolérance plus ou moins subjective n’a rien à voir avec la réalité de notre taux d’alcoolémie.

Celui-ci va être influencée par le poids, le sexe, la durée de consommation et l’alimentation que nous allons lui associer. Nos compagnes seront moins bien loties puisqu’elles atteindront le même taux d’alcoolémie avec une consommation moins importante, et les revendications sur l’égalité des sexes sont hélas sans effet ! C’est la dure loi de la biologie.

Trois cl. de whisky à 40°, c’est bien peu, c’est l’équivalent d’un verre de vin ou de 25 cl. de bière à 5°, mais c’est malgré tout un peu plus de 10 g. d’alcool pur et il nous faudra environ une heure pour éliminer cette unité d’alcool quoi que l’on fasse et ce n’est ni un café fort, ni l’air frais que nous respirons à la fin de la soirée qui changerait les choses. Là encore c’est la biologie qui parle. Multiplions par quatre ou cinq cette consommation et il nous faudra quatre à cinq heures pour éliminer 12 cl. de whisky à 40° !! Amen.

Alors nous réitérons nos conseils amicaux, tout d’abord en incitant les conducteurs à utiliser nos kits de dégustation (qui restent jusqu’à présent un peu trop confidentiels) et qui permettrons de poursuivre chez eux leurs premières impressions. Nous devons les proposer systématiquement en début de soirée avec un système simple d’étiquetage. Mais aussi en favorisant lors de ces réunions, le co-voiturage ou l’utilisation des transports en commun comme cela se pratique dans tous les pays du nord de l’Europe.

Gérard TRENTESAUX

TOUT FEU TOUT FLAMME

Dans cette expression familière, le « feu » symbolise le plus souvent l’ardeur de nos sentiments et cette comparaison est renforcée par le tout et par la flamme, qui fait redondance avec le feu.  » Tout feu tout flamme », exprime l’enthousiasme vers l’objet de notre admiration, de notre désir, voire de notre passion, aussi bien vers la chose inerte que vers le vivant, alors nous pourrions tout aussi bien l’employer à propos de certains whiskies que nous apprécions particulièrement et qui déclenchent lors de leur dégustation les plus vives sensations!

Mais au delà de l’expression imagée, nous sommes aussi bien dans la réalité avec le « feu » qu’entraîne parfois la puissance de l’alcool dans notre délicat organisme, cette sensation particulière de brûlure qui accompagne notre whisky depuis nos papilles, et masque parfois la complexité des arômes. Heureusement nous sommes loin de « l’eau de feu » destinée aux « natives » et qui n’était que des alcools frelatés destinés à favoriser le commerce des peaux avec les indiens.

Avant d’arriver dans votre dram, votre whisky ou plutôt ses composants ont du subir l’épreuve des flammes tout au long des différents stades de son élaboration. Sans feu, sans flamme pas de whisky. Parlant de ces eaux de vie on évoque le plus souvent l’orge, cette céréale modeste qui vient plutôt sous des climats rudes, la tourbe, combustible du pauvre, l’eau des Glens, l’alchimie des alambics, le bois des buts et autres hogsheads, mais la flamme reste le lien entre ces différents éléments.

Même si hélas pour des raisons économiques, le chauffage à l’air chaud tend à remplacer le séchage traditionnel, c’est dans les kilns, ces étranges cheminées en toit de pagode, que la flamme commençait son travail. Consumant les humbles briques de tourbe mêlée au charbon de coke elle va permettre de stopper la germination du malt et l’imprégner de façon indélébile d’arômes phénoliques plus ou moins importants.

Dans les alambics le chauffage interne à la vapeur, remplace progressivement le chauffage direct au charbon qui avait peu évolué depuis les alambics artisanaux chauffés directement sur la flamme du combustible dont on disposait. Les temps changent.

Si l’on retrouve souvent des notes de caramel et de vanille dans la palette aromatique d’un whisky c’est le flambage des fûts qui en est à l’origine, en particulier les fûts de Bourbon, qui sont véritablement brûlés au chalumeau après l’assemblage des douelles. Ce flambage arrondi les tanins résineux du bois et fait ressortir la vanilline et les sucres. Encore fallait-il le trouver.

Albert Einstein résumait cela simplement en disant «  L’imagination est plus importante que le savoir ».

Slainte

Gérard TRENTESAUX