« Onctueux et pâtissier » ….
Situé tout au nord de l’Ecosse, l’archipel des Orkney (Orcades en français) comprend 67 îles, dont 16 seulement sont habitées. Plutôt planes avec de petits vallonnements, elles sont soumises à des vents violents qui courbent en permanence les rares arbres qui y poussent. Trois distilleries de whisky y sont installées : la célèbre Highland Park, la plus discrète Scapa et la toute récente Deerness, qui produit surtout du gin. L’une d’entre elles a élaboré ce fût.
Jaune clair. Nez assez onctueux, sur le miel et la bruyère. Attaque assez puissante, puis la bouche se révèle plutôt crémeuse, avec des notes pâtissières et gourmandes. Même avec la réduction, l’alcool se fait sentir jusqu’à la finale, avec toujours les traces de miel et un fruité de poire mûre. Agréable persistance plutôt gourmande.
« Jeune, mais puissamment tourbé » ..
Longtemps atypique par rapport aux autres distilleries d’Islay (car n’utilisant pas de malts tourbés), elle est située tout au nord de l’Île. Signifiant “Bouche de la crique”, elle se prononce Bouna’hav’n en gaélique. Fondée en 1881, elle a connu plusieurs longues périodes d’arrêt, y compris après avoir été agrandie en 1963. Après quelques années d’incertitude, elle a été rachetée en 2003 par Burn Stewart, qui appartient maintenant au groupe Distell, et qui a relancé la commercialisation et développé de nouvelles expressions, principalement tourbée.
Jaune très pâle, presque incolore. Nez fortement tourbé d’entrée, plus phénolique que végétal. En bouche, beaucoup de puissance, et, malgré un âge vraiment très jeune, déjà une belle rondeur autour de la tourbe, accompagnée de quelques notes fruitées et épicées. Belle
persistance tourbée.
« Bien épicé pour l’apéritif » …
Située au nord de la ville de Keith, dans l’extrême ouest du Speyside, cette distillerie est installée sur les bords de la rivière Isla (à ne pas confondre avec l’île réputée pour ses malts tourbés). Fondée en 1886, elle alimente surtout les blends Dewar’s, et a été complètement reconstruite dans les années 1970. Appartenant au groupe Bacardi depuis 1998, les embouteillages officiels sont encore assez rares.
Jaune pâle. Nez peu expressif, plutôt céréalier et floral. Attaque puissante, surtout épicée, puis de la rondeur fruitée en bouche : poire jaune, pomme un peu caramélisée. Finale plus sèche voire astringente, avec une forte dominante de poivre noir, menant à une belle persistance maltée. Apéritif, certes, mais pas seulement…
2″Une puissante douceur »
Propriété depuis 1838 de la famille Mackenzie, Glen Ord (dans les Highlands du Nord) s’est longtemps appelée Glen Oran, avant d’entrer dans le groupe John Dewar’s, devenu aujourd’hui Diageo. Autre spécificité, ses orges maltées sont produites sur place, mais sont également utilisées par d’autres distilleries du groupe. L’énorme succès du Singleton (produit par Glen Ord, mais aussi par Glendullan et Dufftown) a entraîné une très forte expansion, avec une capacité de 11 millions de litres d’alcool par an.
Jaune pâle. Nez finalement malté, avec un peu de prune jaune et des notes épicées. Plutôt onctueux à l’attaque, il est vite brûlant (un peu d’eau n’est pas inutile) avec une dominante poivrée. On retrouve le fruité du nez, avec aussi un peu de pomme cuite au beurre. Puissant jusqu’à la finale sans être trop agressif, grâce à des notes miellées qui apportent de la douceur.
« Le charme du vieillissement »
Après un démarrage en 1878, la faillite d’une banque a d’abord retardé son ouverture jusqu’en1887. Située à Rothes (qui en compte quatre autres), dans le Speyside, cette distillerie a été par la suite agrandie deux fois, et compte aujourd’hui dix alambics. Mais ses malts, le plus souvent maturés en fûts de xérès, sont rares en embouteillage en single. Elle appartient depuis 1999 à Edrington Group, mais ses malts sont distribués par Berry Brothers, au moins au Royaume-Uni.
Jaune légèrement doré. Nez surtout malté, bien chaleureux avec une pointe de gingembre. Attaque sèche, un peu brûlante, sur la prune jaune et la figue. Le corps a de l’ampleur, entre fruité et malté, tout en restant bien agréable. De quoi témoigner qu’un vieillissement prolongé donne bien du charme à ce malt au départ bien robuste.
« Aussi brûlant que moelleux »
Distillerie fondée en 1898 dans le Speyside par deux associés, William Lowrie et le célèbre James Buchanan, créateur d’un des blends les plus vendus à l’époque, le Black & White. Bien desservie par le chemin de fer, et souvent modernisée, la distillerie a changé plusieurs fois de propriétaires (dont DCL, United Distillers, Allied Domecq et maintenant Pernod-Ricard), mais a toujours servi exclusivement à l’élaboration de blends, à tel point que le premier embouteillage officiel ne date que de 2017.
Jaune très pâle. Nez assez discret, plutôt floral avec des notes poivrées. Bien sec à l’attaque, voire un peu brûlant, il se développe avec une belle finesse sur des notes de céréales accompagnées d’un peu de poire. Bien relevée par le poivre noir, la finale est davantage moelleuse, voire charmeuse. Apéritif ou digestif ? A vous de choisir…
« A l’apéritif, de toute évidence »
Cette distillerie au sud du Speyside date de 1825, fondée par James McGregor, célèbre distillateur clandestin. Mais ses malts resteront longtemps réservés aux blenders de DCL, qui en ont fait l’acquisition en 1930. Devenue propriété d’Inverhouse en 1997, ce groupe appartient
aujourd’ hui à une société thailandaise. Il n’y a pas de malt officiel, la commercialisation en single malt passant par les indépendants, notamment sous le nom Deerstalker.
Nez puissant, sur les céréales et la prune jaune. Très sec en attaque, voire brûlant (un peu d’eau est conseillé). En bouche, dominent les fruits secs (amande) et la poire William, puis évolution vers un peu d’astringence. Finale sèche mais chaleureuse, sur les fruits jaunes et l’amande. Apéritif, bien sûr, avec une longue persistance.
« Puissant et épicé »
Fondée en 2012 avec des investisseurs asiatiques, cette nouvelle distillerie de Glasgow renoue avec un passé plus que centenaire, la dernière distillerie de ce type dans la grande ville d’Ecosse ayant fermé en 1902. Après un gin, ce single malt, baptisé 1770 (date de la création de la première distillerie connue de la ville), a maturé dans des fûts de bourbon, puis a été affiné dans des fûts de chêne neuf. Lancées en juin 2018, les 5 000 premières bouteilles de 50 cl ont été rapidement vendues.
Ambré un peu doré. Nez doux, plutôt sucré. Attaque généreuse, avec un corps sec, plutôt fruité (prune rouge, pomme cuite) mais aussi épicé sur le poivre noir. Puissant et vif malgré la réduction, il offre aussi des notes de tabac blond, mais sa persistance est un peu courte.
« Fort en bouche… mais faible en arômes »
Construite en 1983 dans le sud de l’Ecosse, la distillerie Girvan a été voulue par William Grant &
Sons (Glenfi ddich) pour maîtriser ses approvisionnements en whisky de grain pour ses blends,
suite à un diff érend avec son fournisseur DCL. D’une capacité de 15 millions de litres par an, c’est une des plus importantes d’Ecosse. Sur le site, a existé une distillerie de malt, Ladyburn, de 1966 à 1975. Une autre, Ailsa Bay, également productrice de single malt, a été créée en 2008, et produit aujourd’hui 12 millions de litres par an, uniquement pour les blends du groupe Grant & Sons.
Jaune pâle. Nez assez léger, sur les céréales, un peu de fruits jaunes et des notes d’alcool. Très sec en bouche, avec beaucoup de puissance (degré oblige), on retrouve la dominante céréalière relevée par le poivre noir, le fruité du nez étant moins évident. Pour les amateur de puissance… faiblement aromatique !
Non, ce n’est pas du gin !
Ouverte en 1974, cette distillerie moderne du Speyside a remporté plusieurs prix d’architecture. Se prononçant “Auth-rusk”, ce qui signifie “gué de la rivière rouge”, elle a un temps commercialisé ses malts sous l’appellation “The Singleton”, plus facile à prononcer. Possédant quatre paires d’alambics, elle utilise une eau particulièrement douce, et une partie du vieillissement est réalisée en fûts de xérès. Pratiquement incolore (!). Nez léger, un peu discret, se développant à l’aération sur des notes herbacées et minérales.
Attaque un peu ronde, puis plus sèche, avec une dominante poivrée et un peu épicée (genévrier). Corpulence maltée jusqu’à la finale, bien aromatique et d’une bonne persistance. Franchement original, surtout pour un Speyside.