WHISKY : la tourbe souffle son vent de fumé

Par Stéphane Davet – Publié le 17 novembre 2022 à 16h00

Autrefois boudée, la saveur « brûlée » typique des whiskys tourbés est désormais plébiscitée par un nombre croissant d’amateurs. Au point que les distilleries écossaises et irlandaises, mais aussi françaises, peinent à répondre à la demande. Pour ne rien arranger, la précieuse orge tourbée pourrait venir à manquer…

ANTONY HUCHETTE POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
Ceux qui ont eu la chance de parcourir la campagne irlandaise ou les villages d’Ecosse savent que s’échappent des cheminées des maisons, souvent chauffées aux briques de tourbe, un parfum très différent de celui de nos feux de bois. Flotte dans l’air un étrange mélange de combustion végétale, de goudron, de girofle et d’embruns iodés qui finit par devenir Indissociable des paysages de landes et des reliefs sauvages qui entourent les chaumières.
Ces effluves si évocateurs, on les retrouve dans un verre de peated malt, ou whisky « pure malt
tourbé » (peat signifie tourbe, en anglais), dont la première gorgée ne laisse pas indifférent.
« C’est en général un électrochoc. Soit on adore, soit on déteste », assure Franck Di Napoly, qui travaille dans la finance mais dont les comptes TikTok et Instagram racontent surtout sa passion des whiskys. « Je n’ai pas réussi à terminer mon premier verre d’Ardbeg [un des plus puissants tourbés de l’île d’Islay], tant j’avais l’impression qu’il embaumait le pneu brûlé. Les débutants ont souvent besoin d’une initiation avant de les apprécier », poursuit celui qui, aujourd’hui, admet souvent préférer les tourbés aux autres malts.