D I S T I L L E R I E S R É P U T É E S
Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées,
Suivons le Stills Tour avec Gilbert Delos
Où ?
Dans le Kentucky (États-Unis), à Bernheim, dans la banlieue de Louisville. L’entreprise dispose également du site de Bardstown, à 70 km au sud de Louisville, où se trouvent ses principaux chais ainsi qu’un centre de visite récemment modernisé. C’est le site historique de la distillerie.
Quand ?
La distillerie de Bardstown a été créée en 1935, à la fi n de la Prohibition, sous le nom Old Heavenhill Springs. Son premier bourbon, Old Heaven Hill Bottled in Bond, connaît rapidement un vif succès dans le Kentucky. Mais, en 1996, la distillerie est ravagée par un gigantesque incendie, entraînant la destruction d’au moins 90 000 fûts de bourbon. L’entreprise va survivre en faisant appel à l’aide des distilleries voisines (Brown-Forman et Jim Beam), puis en s’installant en 1999 sur le site de Bernheim (qui appartenait à Diageo). Elle y élabore le brassage, la distillation et la fermentation de ses diff érents bourbons, le vieillissement étant réalisé sur le Bardstown.
Qui ?
Fils d’un immigré russe, arrivé aux États-Unis à la fi n du 19ème siècle, les cinq frères Shapira créent la distillerie de Bardstown pour profi ter de la fi n de la Prohibition. Ils s’associent avec le distillateur Joseph Beam, cousin du célèbre producteur de bourbon. Par la suite, les Shapira deviendront l’unique propriétaire de l’entreprise, qui est toujours indépendante et familiale. Mais, pour souligner sa fi délité aux traditions, ce sont toujours les descendants de Joseph Beam qui dirigent la distillation, soit actuellement les 4ème et 5ème générations.
1 – Le tout nouveau centre de visite de Bardstown (Photo : The Lane Report, magazine économique du Kentucky)
2 – Le site de Bernheim
(Photo : whisky.com)
Comment ?
La distillerie se fournit en maïs dans les plaines environnant le site, et tous ses bourbons reposent sur la même combinaison de céréales, qui doivent être au moins du maïs pour 51 % du total, le reste pouvant être du blé, du seigle ou de l’orge maltée. Heaven Hill a la particularité d’utiliser du blé, ce qui rend ses bourbons moins moelleux que les autres. La distillation est réalisée dans deux alambics à colonnes, le degré fi nal ne devant dépasser les 80 %. Le vieillissement est réalisé dans des fûts de chêne neufs qui sont brûlés avant utilisation, et ne peuvent être réemployés après. Le vieillissement moyen est de quatre ans, rarement plus.
Quoi ?
Deuxième producteur américain de bourbon, Heaven Hill en élabore plus de quinze marques différentes, dont plusieurs portent le nom d’anciens distillateurs comme Elijah Craig, Evan Williams, Henry McKenna, J.T.S. Brown, J.W. Dant, etc… Mais l’entreprise produit ou Commercialise de nombreux autres spiritueux : whiskeys, vodkas, rhums, tequilas, liqueurs, et même le Dubonnet, produit pour le marché américain avec un degré plus élevé que celui produit en France par Pernod-Ricard.
En 2018, elle a rempli 8 millions de fûts de bourbons et autres spiritueux, et c’est le 7ème plus grand producteur d’alcool aux États-Unis.
Au Clan, nous avons pu déguster dernièrement un Elijah Craig, une marque qui a la particularité de proposer des bourbons très âgés (jusqu’à 16 ans) ce qui est exceptionnel. Elle porte le nom d’un prédicateur du 19ème siècle qui, étant également constructeur de route et spéculateur terrien, a laissé son nom dans l’histoire du bourbon en étant le premier à avoir imaginé de faire vieillir son whiskey dans des fûts de chêne brûlé, lui apportant de puissantes notes boisées. Celui proposé au Clan est un brut de fût, titrant 61,1°, ce qui est également très rare. Voici mes notes de dégustation : « Ambré tirant sur le rosé. Nez discret qui, après une longue aération, se révèle puissant et marqué par l’alcool et le caramel. Attaque brûlante et un peu âcre, mais supportable malgré le taux d’alcool. La bouche est surtout onctueuse, avec des notes boisées s’entremêlant dans le caramel, mais évoluant sur une finale plus sèche, légèrement astringente. Longue persistance sur le boisé. »
Gilbert Delos