Querelles anciennes au sein de notre Académie, opposant à ma droite nos classiques, Boileau et Racine en tête, défendant bec et ongles des sources d’inspiration immuables, et le quarteron mené par Charles Perrault et Molière à ma gauche, fervents partisans de l’innovation, explorateurs d’autres voies dans la création littéraire, les arts et les sciences, somme toutes, startup avant l’heure !
Ces confrontations sont toujours d’actualité dans de multiples domaines, lisons et écoutons ce qui se dit, cette alchimie dans de fécondes combinaisons entre tradition et nouvelles pratiques.
Faut-il, pour être « moderne » adopter l’écriture inclusive, égalitaire, épicène, des expressions « genrées’’, au risque de nous mélanger les pinceaux (pourquoi une pince, pourquoi un pinceau : « va comprendre Charles », dit-on, pour marquer notre étonnement !) ou maintenir d’intelligibles habitudes ?
Tout cela est passionnant et il y a bien d’autres domaines que le langage et l’écriture, où anciens et modernes s’affrontent et se confrontent. Notre univers malté ne saurait y échapper, entre la tradition résistante au temps et l’imagination de nouveaux créateurs parmi lesquels beaucoup n’hésitent pas à innover dans toutes les étapes de la production, sans innovation pas de progrès ! Les ingrédients fondamentaux sont là pour que l’aventure tente de nouveaux entrepreneurs.
Pour les céréales blé, épeautre, orge, maïs, blé noir, riz, millet jusqu’au sorgho tout a été dit et essayé avec plus ou moins de succès, peut-être même jusqu’aux hybrides et aux OGM. Puis vint le temps du bio. déjà une évolution venu bousculer la production de certaines céréales. Mais en fait un retour aux sources, dans une agriculture plus sereine.
L’outil de production c’est sa majesté l’’alambic’’. Depuis l’alambic domestique des aurores, les volumes, les formes, les tailles et les techniques évoluent, ( les taxes aussi…), l’alambic à repasse
va trouver son challenger vers 1830 avec l’alambic à colonnes permettant la production en continu ! Mais juste retour des choses, l’attrait pour les singles malts va stimuler l’imagination de nos producteurs vers les éléments de notre célèbre ‘’bouilloire’’, tube à reflux, condenseurs multiples et variés qui chacun vont influencer le résultat fi nal avec toujours le souci d’être original et différent.
La distillation sous vide fait partie de ces nouvelles expérimentations qui passionnent certains et en intéressent d’autres : faisons varier la pression dans l’alambic et nous pouvons de là distiller à basse température, ce mode de cuisson à basse température n’influence-telle pas la palette des arômes dans notre assiette ?
Avec plus de quatre-vingt distilleries de whisky dont quelques dizaines en production, notre territoire hexagonal multiplie les expériences, profitant de notre expertise dans la distillation et le vieillissement, sans laisser aux traditionnels pays producteurs l’exclusivité des innovations dans toutes les étapes de la production.
Slainte … Gérard TRENTESAUX