Parmi de nombreuses activités à caractère ludique, certaines paraissent futiles et éphémères, d’autres laisseront une empreinte mémorielle quelque temps avant de s’estomper. C’est ainsi que le whisky semble un monde sans fin après qu’il soit devenu, petit à petit ces derniers temps, un univers sans âge…
Comme le virus qui mute constamment et s’adapte à nos petites personnes, dans cet univers exponentiel, l’évolution est constante, le whisky parfait n’est pas pour demain (et c’est heureux !). serait-il enfin abouti que nous passerions à d’autres choses et nous ne reviendrions pas aux origines, notre mémoire olfactive serait d’ailleurs rapidement prise en défaut. Il garde les fondamentaux qui sont communs à tous, puis par touches successives, il va acquérir ce qui va faire sa différence. Les céréales et leur origine, l’eau, la technique de distillation, le bois et les finitions, le temps enfin, plus ou moins dilaté, et qui comme tout le monde sait, ralenti à l’approche d’un trou noir. Et quel meilleur trou noir que le fût au fond du chai ? Mais où le Master Distiller ira de temps en temps, précédé de sa pipette, tester les effets du temps.
Mais alors pourquoi en distinguer certains plus que d’autres ?
La mode peut jouer son rôle, comme en art, en littérature, en décoration, dans notre façon de nous habiller pour un temps. Evitons le goût du jour, la séduction de la mode qui se démode, comme disait Coco Chanel. C’est quand même une façon particulière d’exprimer pour un temps sa pensée et de tenter de la faire partager.
La ’’Classe’’, une élégance naturelle sans doute, se distinguer des autres, nécessaire pour accéder à ce statut et c’est souvent l’apparence qui prime pour revendiquer une place à part.
Qu’est ce qui fait alors un bon whisky ? celui que l’on distingue, ce parfait équilibre entre l’âge, qui permet le meilleur des échanges, (et ne faisons pas la confusion entre âge et qualité), l’expérience, la qualité d’un fût unique ou d’un assemblage parfait, comment mettre le doigt sur ce qui va le distinguer d’autres, pourtant méritants. C’est le ’’STYLE’’.
Oublions le style d’un mobilier associé le plus souvent à une époque, qui va donner par l’ébénisterie et les détails qui l’accompagnent, des éléments de reconnaissance .
Pour un vêtement, c’est avant tout le créateur, ’’l’artiste’’ qui met sa patte, donnant du style au vêtement, mais aussi à celui ou celle qui le porte.
C’est évidemment dans le style littéraire qu’il s’illustre, résumé par Jean Cocteau dans cette formule : « [Le style] est une façon très simple de dire des choses compliquées ».
Mais pour une eau de vie ? ’’Style’’ ce fourre-tout qui semble désigner ce qu’on ne sait pas forcement exprimer ce qui nous échappe. Telle ou telle distillerie, par un ensemble de qualités qui au fil du temps, vont lui assurer une certaine reconnaissance, telle ou telle bouteille par son style, va faire oublier un moment toutes les autres.
Slainte Gérard TRENTESAUX