Depuis l’aube des temps, nous autres pauvres humains, avons aimé mettre en pratique nos rêves, modifier et adapter nos comportements pour trouver des solutions à nos fantasmes, entre le pragmatisme, la folie et une imagination sans fin. Souvenez-vous du génial « 2001 Odyssée de l’espace » (Qs Arthur Clarke) où l’hominidé invente l’arme. Dans le monde de l’imaginaire récent le concours Lépine reste le rendez-vous des professeurs Nimbus, des géniaux bricoleurs du dimanche, des savants Cosinus ou d’un professeur Tournesol. Halte ! ce n’est pas seulement le domaine des doux rêveurs, c’est celui de la création.
Louis Lépine, militaire courageux en 1870, puis sous préfet, avocat, enfin préfet de police, n’est pas un inventeur mais il a des idées. Il imagine le renouveau des petits fabricants (déjà), il met un peu d’humour dans la politique et l’imagination créatrice face au monde industriel. Il lance au début du siècle dernier l’association des inventeurs, ce qui deviendra « Le concours ». De là, primés au fil des ans et au hasard, le mécano de notre enfance, le moteur à deux temps, le parachute, le stylo à bille, la tondeuse à gazon, le jeu des 1000 bornes, l’aspirateur électrique, c’est sans limite !
Quel que soit son domaine chaque invention amène les suivantes.
Les Chinois inventent la poudre pour les fêtes et dans la foulée la poudre à canon.
Dans le film « Le troisième homme » Harry alias Orson Wells dans une Vienne dévastée, rappelle à son ami Joseph Cotten que les Suisses ont quand même inventé le « Coucou » (c’est un peu dur…). Et maintenant c’est l’avion solaire !
Mais rapprochons-nous de nos voisins insulaires, malgré le Brexit, nous avons encore des goûts essentiels en commun, dont celui d’une certaine eau de vie.
L’histoire du whisky est aussi une longue suite de success stories, d’inventions, d’améliorations, d’évolution du contenu et du contenant, empruntant au fil du temps à droite et à gauche.
Les moines irlandais auraient-ils inventé l’Aqua Vitae ? Décoction de plantes et de baies dans un distillat de vin, affligé de vertus médicinales, sans doute plus proche d’un improbable gin, avec lequel ils essayaient peut être d’évangéliser les Pictes et les Scots. On peut rêver, mais le « Uisge Beatha », eau de vie de céréale, revient sans doute aux Écossais. La filtration, la révolution du patend still, alambic en continu, l’invention des blends et des assemblages, le stockage en bouteille de verre, la bouteille carrée d’Alexander Walker, la mise au point du toit à pagode, l’intervention des « chimistes » , enfin avatar (sans doute pas le dernier), auquel le whisky ne Pouvait pas résister longtemps ce fut l’alchimie du whisky dans le bois, se sera peut-être bientôt le bois dans le whisky pour effacer le temps. Et touche par touche, d’invention en amélioration technique, tout pourrait être dit, mais nous pourrions avoir d’autres surprises.
Well, nothing ventured, nothing gained. Pour votre prochaine période d’agapes, l’inventeur de génie, c’est vous : « Et maintenant que vais-je faire ? » Le plus souvent la difficulté n’est pas dans le choix des plats mais dans celui des invités, essayez de les étonner, et mettez du whisky dans votre moteur ! Et vous reconnaÏtrez vos vrais amis même si vous faites un bide. Sortez du placard ces bouteilles oubliées, pas forcement les plus prestigieuses … et laissez-vous aller.
Pour débuter, c’est tendance, un cocktail… au whisky, de beaux verres, de la glace, des pailles, un bitter, un vermouth, des liqueurs et après ce que vous avez sous la main comme disait 
Curnonsky. Les single malts d’Islay, dont l’influence maritime est indiscutée, s’associent magiquement aux poissons fumés et aux fruits de mer Poursuivez, Ardbeg avec des huitres, gambas flambées avec le reste de l’Island du Clan, ou des langoustines rôties avec une pointe d’agrumes servies avec le Bruichladdich Islay Barley bien rafraîchissant, les crustacées et le whisky tourbé, c’est un mariage d’amour. Un Glenfarclas accompagnerait bien un filet de biche ou de boeuf en croûte avec une duxelle de champignons. Enfin, classique mais facile, crumble de fruits rouges et mangue, un Glengoyne sec, cask strenght NAS « sherry sherry », ne devrait pas décevoir vos amis.
Tout est possible. Soyons fous.
Bonne soirée, Bonnes fêtes à tous !
Gérard TRENTESAUX
