Le meilleur whisky… Voila la question piège à laquelle vous n’échapperez pas lorsque, dans une soirée entre amis, vous aurez eu la mauvaise idée de dire votre faiblesse pour ces breuvages alcooliques et colorés. Heureusement certains novices hésitent à la poser, mais d’autres attendent la révélation, c’est la quête du Graal !
Pour couper court, vous pouvez échapper en disant que vous ne savez pas. Pour faire un peu plus « pro. » Partir dans des explications fumeuses, longues et ennuyeuses, alors autant vous préparer.
Pour suivre le buzz vous pourrez toujours évoquer (cela fait sérieux), l’édition 2016 de la
« Whisky Bible » de Jim Murray qui vient d’élire le rye canadien Northern Harvest de Crown Royal couronné « Whisky de l’année » (On arrête de rire dans les rangs) l’an passé un Yamazaki single malt au grand dam des Ecossais ! L’année précédente pourtant, ce fut quand même un Ecossais, le Glenmorangie Ealanta, qui était arrivé en tête du classement. Il faut donc maintenant jouer avec les whiskies du monde. Et pourquoi pas demain le «Hammer Head » de la République tchèque ! Si l’on suit le nom à la lettre il faut peut-être éviter.
Il y a déjà quelques temps Sofia Coppola réalisait « Lost in translation », film où Jim Murray,
perdu au 45e étage d’un hôtel de Tokyo, faisait la promotion d’un whisky Suntory, censé être la perle rare. Comme dans bien d’autres domaines promo et concurrence sont les mamelles du destin !
Chaque année, classements, jugements et concours rivalisent de superlatifs pour établir un podium selon des critères souvent obscurs pour nous, mais sans doute pas pour les
« marketeurs ».
Les concours, les classements, les World Whiskies Awards, les Icons of whisky, les Malts Maniacs Awards etc… rivalisent de catégories (meilleur blend, meilleur single, meilleur parmi les meilleurs). La gloire de ces whiskies « distingués » est toujours éphémère, remise en question à chaque tour de calendrier, se noie dans la profusion des nouveaux candidats et alimente les médias généralistes et la trésorerie des grands groupes vue l’inflation des prix ! Curieusement la plume de certains grands spécialistes est absente de ces commentaires ! Dave Brown es-tu
là ?
Au final, dans votre soirée vous n’aurez pas répondu à la question « c’est quoi le meilleur whisky du monde ? » Peut-être vaudra t-il mieux expliquer comment se constituer un petit coin à whiskies sympathique, pourquoi vous les aimez, ceux que vous aimez plutôt que ceux qu’il faut avoir, laissez tomber les régions et préférez le style, tourbé, épicé, boisé, fruité, quelques belles finitions, la « classe » plutôt que l’âge. Les collectionneurs, les dégustateurs impénitents pourront trouver à redire, mais certaines bouteilles dégustées, épuisées hélas, évoquées avec nostalgie, ont été pour vous dans le passé le meilleur whisky du monde !
Slainte, Gérard Trentesaux