Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées,
Suivons le Stills Tour par Gilbert Delos
Où ?
A Elgin, dans le comté du même nom, au nord du Speyside. Passant à proximité du site, l’ancienne route d’Elgin était très fréquentée, y compris par des personnages célèbres comme Macbeth (roi d’Écosse de 1040 à 1057), Saint Colomba, le roi Duncan et Bonnie Prince Charles. La distillerie possède un centre de visite, avec circuits guidés plusieurs fois par jour comprenant une dégustation.
Quand ?
La distillerie a été créée en 1897, sur l’emplacement d’une brasserie, la West Brewery, remontant à 1828. Mais son fonctionnement s’arrête treize ans plustard ; elle doit être mise en vente en 1920, et est rachetée par MacDonald & Muir, les deux familles déjà propriétaires de Glenmorangie, située à l’ouest, dans les Highlands du Nord. Après le redémarrage de la production en 1923, Glen Moray connaît une importante rénovation en 1958, les aires de maltage étant remplacées par un système Saladin, qui sera en fonctionnement jusqu’en 1978. A la même époque, le nombre d’alambics passe à quatre. Après son rachat par La Martiniquaise en 2008, la distillerie connaît une forte expansion, et de nouveaux équipements lui permettent, fin 2015, d’avoir une production de plus de 6 millions de litres, ce qui la place dans le peloton des dix plus grosses distilleries d’Écosse.
Qui ?
Macdonald & Muir a longtemps géré Glen Moray en bon père de famille, sans trop faire parler d’elle, alors que tous ses soins allaient plutôt à Glenmorangie. Mais, en 2004, la société est vendue au groupe français LVMH, ce qui va se traduire par de nombreux lancements de single malts plus originaux. Toutefois, en 2008, LVMH décide de se séparer de Glen Moray pour la vendre à une autre société française, La Martiniquaise, ce qui entraîne d’ailleurs la séparation d’avec Glenmorangie, après plus de 90 ans de gestion commune. Le nouveau propriétaire entreprend alors d’importants travaux pour accroître considérablement les capacités de production, afin de répondre à ses besoins en single malt pour son blend, Label 5.
Comment ?
Après les travaux entrepris par La Martiniquaise, l’équipement de Glen Moray comprend une cuve de brassage de 11 tonnes, avec une durée de production de 3 heures, contre 7 h 30 dans le système précédent. Il y a 21 fermenteurs en inox et 6 paires d’alambics. De plus, il est déjà prévu de porter cette capacité de 6,5 millions de litres à 9 millions dans les prochaines années. De nouvelles installations de traitement des effluents et deux nouveaux chais ont été également réalisés.
Quoi ?
Le malt élaboré par Glen Moray se caractérise par le moelleux et la douceur caractéristique du Speyside. Depuis 2009, une petite partie de la production est tourbée, à 50 ppm. La gamme officielle comprend maintenant trois déclinaisons sans âge indiqué : le Classic, le Classic Port (finition porto) et le Classic Peated (tourbé). Existent aussi un 10 ans, un 12 ans et un 16 ans en
finition de fût de chardonnay, ainsi que, en quantité limitée, un 25 ans en finition porto et un 30 ans. Avec Glenmorangie, Glen Moray a été pionnière dans les finitions de single malts dans les années 90, ayant recours à des fûts de vins blancs ou rouges, de porto, de madère, etc. pour apporter des arômes nouveaux à un malt finalement assez basique et sans beaucoup de caractère. Cette politique a connu quelques interruptions par la suite, mais paraît être aujourd’hui reprise avec détermination. Toutefois, l’essentiel de la production est destiné à
l’élaboration de blends, à commencer par Label 5, le 10e whisky le plus vendu dans le monde (28 millions de bouteilles en 2014), propriété de longue date de La Martiniquaise.
Pour le Clan, j’ai déjà dégusté au fil des années huit Glen Moray, sans compter ceux de la Fête du Malt d’octobre dernier, entièrement consacrée à Glen Moray, sous les voûtes du Musée du Vin.