Suivons le Stills Tour …
Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées, par G. DELOS
Où ?
A Rothes, où se trouvent également les importantes distilleries Glen Grant, Glenrothes et Speyburn. Glen Spey est la plus petite, et surtout la plus discrète. Elle ne posséde pas de centre de visite, et n’a pas non plus de site internet spécifique. Son nom vient de la rivière Spey, dont les rives abritent un très grand nombre de distilleries des Highlands, et qui est à l’origine du Speyside, la région d’Ecosse qui produit le plus de single malts.
Quand ?
En 1878, James Stuart & Co achète ce moulin produisant de la farine d’avoine, pour le transformer en distillerie de malt. Elle porte d’abord le nom de Mill of Rothes (le Moulin de Rothes) ou encore de Millhaugh, selon certaines sources, avant de prendre son nom actuel. En 1887, James Stuart, ayant pu acheter Macallan, revend Glen Spey à W&A Gilbey, un marchand de vin de Londres. Selon les annales, c’est la première fois qu’une distillerie écossaise devenait propriété d’un Anglais.
L’histoire de Glen Spey se déroule ensuite sans grands événéments, à part un incendie en 1920 et l’arrêt obligé pendant les deux guerres en raison de la pénurie d’orge. En 1970, en même temps que l’arrêt du maltage, la distillerie est équipée d’une nouvelle paire d’alambics, doublant ainsi sa capacité de production.
Qui ?
Hormis James Stuart, son créateur, peu de noms ont laissé une trace dans l’histoire discrète de Glen Spey. Gilbey’s fut son unique propriétaire jusqu’en 1962, lorsque cette société fusionne avec United Wine Traders pour former IDV, qui va devenir un des leaders du scotch whisky, donnant ensuite naissance à Grand Metropolitan en 1972. Enfin, en 1997, Grand Metropolitan et Guinness s’unissent pour former Diageo, leader mondial des spiritueux, et Glen Spey fait partie de la dot.
Comment ?
Avec huit fermenteurs en inox et deux paires d’alambics, l’équipement de Glen Spey est très traditionnel, avec une capacité de production actuelle de 1,4 million de litres par an, bien loin des autres distilleries de Rothes qui se situe entre 4 et 6 millions de litres. Toutefois il se distingue par deux singularités :
Les alambics sont en effet munis de refroidisseurs spéciaux, en complément du système classique. Cela remonte à l’époque où, vu le nombre de distilleries situées en amont de Glen Spey, l’eau du Burn of Rothes (petit affluent de la rivière Spey) était trop chaude pour refroidir suffisamment vite les vapeurs sortant de l’alambic. Un équipement un peu inutile aujourd’hui,
les autres distilleries ayant fait des investissements pour baisser la température de leurs effluents, afin de protéger les poissons des cours d’eaux.
Par ailleurs, les deux spirit stills (les alambics servant à la seconde distillation) sont équipés de purificateurs, sorte de condenseurs qui renvoient dans la chaudière les vapeurs les plus lourdes. Ce qui donne des eauxde-vie plus légères et plus délicates, convenant mieux aux blends comme J&B, principale destination des malts de Glen Spey.
Quoi ?
Depuis ses origines, Glen Spey sert essentiellement à produire des single malts entrant dans la composition de blends assez légers, et surtout le J&B, aujourd’hui cinquième marque de scotch whisky dans le monde pour les ventes en volume. D’ailleurs, ce qui est peu fréquent en Ecosse, le panonceau fixé au mur de la distillerie pour indiquer son nom est surmonté de l’indication “Rare J&B Rare“ !
Il n’existe d’ailleurs pas d’embouteillage officiel, mais simplement un 12 ans d’âge appartenant à la gamme Flora & Fauna de Diageo, et qui n’a été lancé qu’en 2001 !
Plus récemment, en 2010, ont été commercialisés en petite quantité un 21 ans (dans la gamme Special Releases) et un millésime 1996 en single cask (fût unique) sous le nom Manager’s choice.
On peut par ailleurs trouvers quelques déclinaisons de Glen Spey chez les embouteilleurs indépendants, surtout Cadenhead’s et un peu « Signature », généralement jugés un peu légers et sans grand caractère parceux qui ont pu les déguster. Avec le 12 ans à 46° présenté dans ce numéro, cela fait la troisième bouteille de Glen Spey que les adhérents du Clan ont pu découvrir, avec notamment deux bruts de fût à 59,8 et 56,8°. Malgré leur puissance en alcool, je les ai trouvés tout de même peu puissants, avec une dominante céréalière et végétale. Mais ils ont tout de même leur place à l’apéritif.