Journaliste, auteur, agent secret, diplomate et… footballeur, Sir Robert Bruce Lockhart disait au début du siècle dernier « L’histoire du whisky reste voilée dans les brumes de l’aube celtique ».
Jolie formule pour dire, que dans notre imaginaire l’histoire du whisky se confond avec la culture celte. Même si au cours du temps la culture du whisky s’est exportée depuis son berceau vers l’Amérique, le Japon, l’Inde et la plupart des pays de notre planète bleue, les « actes fondateurs » sont ancrés dans ces régions de l’extrême Europe où survit la tradition.
Alors voyageons et remontons le temps.
Des jeunes et de moins jeunes se souviennent sans doute de Hugo Pratt, dessinateur et scénariste des années 80, qui faisait évoluer son héros, Corto Maltese, d’un continent à l’autre. Dans l’album « Les Celtiques », il pérégrine au gré de ses aventures entre Venise, l’Angleterre et l’Irlande, mais ces aventures n’ont de celtiques que le nom.
Alors cherchons plutôt du côté de César. Dans ses « Commentaires sur la guerre des Gaules », il nous apprend beaucoup sur les Celtes (que les Romains nommaient « les Gaulois »), ces peuples qu’unissaient la langue et des particularités culturelles. Cette civilisation proto historique qui occupa, bien avant notre ère, une majeure partie du continent européen et jusqu’en Asie Mineure, là où s’affrontent et se suc- cèdent les Slaves, les Germains, les Celtes… et les Romains.
On a souvent dit les Celtes rêveurs, parce que leur regard ne cessait d’interroger ce qui se trouvait au-delà d’eux même et de la vie. Ils furent aussi guerriers farouches et voisins belliqueux, cultivés, mais parfois un tantinet barbares.
Parmi eux, les druides constituaient l’élite intellectuelle, Ils présidaient aux choses de la vie publique et privée : justice, philosophie, mystique et religion. A côté d’eux les bardes entretenaient la poésie et la musique par tradition orale.
Mais revenons à notre affaire, quel rapport avec notre histoire du whisky ?
Eh bien, ayant découvert le cintrage du bois à chaud, remplaçant les antiques amphores, ils inventent probablement le tonneau cerclé de métal, dont la magie est parvenue jusqu’à nos jours. Ont-ils découvert le « bousinage » ? Technique où la chauffe plus ou moins intense ou prolongée, va cuire les polyphénols du bois, et communiquer au contenu ces arômes particuliers allant du pain grillé, brioche, beurre, au tabac, café, caramel, jusqu’aux notes goudronnées. Rêvons.
Mais aussi une société qui, comme d’autres, apprivoise la fermentation alcoolique. Bien sûr avec la cervoise, une bière, « un vin d’orge », une boisson avant tout hygiénique mais agrémentée d’herbes et d’épices !
Et encore le premium de l’époque avec l’hydromel, première boisson alcoolisée, miel, eau, sels minéraux et levures, (dont on retrouve des traces plusieurs milliers d’années auparavant en Chine) et que l’on consomme, sous différentes formes, du nord au sud de l’Europe et d‘est en ouest. (Pour les premières recettes, consultez aristote@hydromel.com, 350 avant JC).
Avec nos ancêtres les Gaulois, le plus dur était fait… la bière, les fûts, quelques siècles de patience, pour que l’invention de l’alambic permette la distillation de l’eau de vie dans les saints monastères, et répande progressivement notre médicament préféré.
Slainte,
Gérard TRENTESAUX