Edradour

Où ?

Dans le Pertshire, dans les Highlands centrales, la distillerie est située au creux d’un vallon arboré, non loin de la petite ville de Pitlochry. Pour l’atteindre, il faut franchir un petit pont de bois qui enjambe le ruisseau Edradour, dont l’étymologie fait référence au roi Edward. Les bâtiments, immaculément blanchis à la chaux, tandis que les portes sont d’un rouge éclatant, sont ceux d’une ferme, la dernière de la région à pratiquer la distillation. Du printemps jusqu’à l’automne, le site est enchanteur et mérite absolument la visite.

Quand ?

La naissance officielle de la distillerie remonte à 1837, mais le site est certainement un peu plus ancien, sans doute 1825, lorsqu’un groupe de fermiers s’est formé pour créer une distillerie, la pratique étant devenue légale depuis peu. La commercialisation remonte à 1841. Au fil des années, l’établissement n’a pratiquement pas changé, malgré plusieurs propriétaires. Et l’électricité n’est arrivée qu’en 1947 !

Qui ?

Peu de traces ont été conservées des anciens propriétaires d’Edradour, à part William Whiteley, qui en fit l’acquisition en 1922. Surnommé le “doyen des distillateurs”, il a beaucoup contribué à maintenir la distillerie en l’état, sans la moderniser ou l’agrandir. Le malt a été alors beaucoup utilisé pour élaborer son blend, King Ransom’s, qui fut en son temps l’un des plus réputés d’Ecosse et aussi l’un des plus chers.

En 1992, Edradour a été achetée par le groupe Pernod-Ricard, ce qui a contribué à mieux la faire connaître des amateurs, d’autant que l’accueil des visiteurs a été mis en place en saison. Mais, en 2002, assez curieusement, le groupe français l’a revendu (alors qu’il se portait acquéreur des distilleries de Seagram) à l’embouteilleur indépendant Signatory. C’est Ian Anderson, un distillateur réputé (à Laphroaig notamment) qui est sorti de sa retraite pour en prendre la direction. C’est sans doute le renom d’Edradour qui explique ce rachat, bien inhabituel pour une telle maison.

Comment ?

Le renom d’Edradour vient de ce qu’elle est la plus petite distillerie d’Ecosse, et qu’elle n’a guère changé en 180 ans d’existence. Encore que ses malts méritent aussi l’intérêt des amateurs, au-delà du pittoresque du site.

Le mashtun (cuve de fermentation) est celui d’origine, comme une grande partie de l’équipement existant. Et le système de réfrigération du moût Morton est le dernier de ce type à être encore en fonctionnement en Ecosse. Deux alambics sont employés, dont la taille est la plus petite qui soit, juste au dessus du minimum légal en vigueur en Ecosse. Leur forme spécifique est reproduite fidèlement lorsqu’il est nécessaire de les changer.

Trois employés seulement, dont le distillateur, travaillent à Edradour, alors que tout le processus de fabrication est encore essentiellement manuel. Il faut dire que la production est très faible : douze fûts par semaine, ce qui, pour une année complète, représente la production hebdomadaire d’une distillerie moyenne du Speyside.

Quoi ?

Longtemps, les malts d’Edradour, réputés pour leur finesse, ont été utilisés uniquement pour les blends de qualité. Pernod-Ricard a lancé la commercialisation d’un dix ans d’âge, très floral mais avec une pointe sensible de xérès. Très équilibré, c’est un single malt à la fois doux et épicé, mentholé et un peu crémeux, d’une grande et chaleureuse séduction.

La reprise par Signatory s’est traduite par la commercialisation de nouvelles qualités d’Edradour, notamment en bruts de fût, en version 46° non filtrée à froid, ou encore des finitions inédites en fût de vin de bourgogne, de châteauneuf du pape, de sauternes, de moscatel, de rhum, etc…. A noter également un millésime 1976 à 50,9°. Commercialisées en très petites quantités, ces versions intéressantes atteignent malheureusement des prix très élevés.

Depuis 2006 a été lancée Ballechin, distillée à Edradour, avec une dominante tourbée accompagnée de finition en fûts de vin…

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