Où ?
Dans le nord de l’île d’Islay, non loin de Bunnahabhain, la distillerie est située sur une crique en bord de mer, son nom gaélique signifiant “détroit d’Islay”. Imposant par sa taille, le site n’a rien d’engageant, avec de gros entrepôts gris et une salle d’alambics, certes tournée vers la mer, visible grâce à une immense verrière, mais plus impressionnante par sa taille que réellement chaleureuse.
Quand ?
L’existence d’une distillerie à cet emplacement est attestée depuis 1846, mais il n’en subsiste pratiquement rien. Car, après une première reconstruction en 1879, les installations ont été complètement refaites dans les années 70, lorsque DCL (aujourd’hui Diageo) a décidé de développer ses besoins en single malts tourbés pour ses blends. En 2011, une nouvelle modernisation (dont une énorme cuve de brassage) a été réalisée, portant la capacité de production de la distillerie à 6,4 millions de litres par an, ce qui en fait la cinquième de toute l’Ecosse.
Qui ?
Hector Henderson, également associé à Littlemill, a construit la distillerie originelle, en raison de son site maritime facilitant les approvisionnements comme les expéditions. Barnard, le spécialiste du whisky au 19ème siècle, raconte aussi, assez poétiquement, que le choix s’est défini en raison de la proximité du loch Nam Bam, où “souffle en permanence une brise aux effluves de bruyère et de myrte”. Mais, une dizaine d’années après, Henderson faisait faillite, et devenait la propriété d’un courtier. En 1927, elle est devenue la propriété de DCL, qui longtemps a axé la production pour ses besoins en blends (Johnnie Walker, Bell’s), avant de la commercialiser davantage en single malts depuis deux décennies environ.
Comment ?
La vaste rangée des huit alambics et l’importance des entrepôts de Caol Ila explique sa production, une des plus fortes d’Islay. Mais, entre les plus anciens alambics et ceux installés depuis une trentaine d’années, sont élaborés des malts assez différents, les premiers fortement tourbés, et les seconds plutôt typés Highlands : puissants mais pratiquement sans tourbe. Un choix sans doute dicté au départ par les besoins spécifiques de DCL, et reposant plus sur les choix des orges maltés que de réelles spécifications techniques. D’autant que l’eau utilisée à Caol Ila, même marquée par la tourbe, n’influe pas totalement sur le style des malts.
Quoi ?
Jusqu’aux années 2000, les single malts de Caol Ila n’étaient disponibles (en faible quantité d’ailleurs) qu’auprès des embouteilleurs indépendants, l’essentiel de la production allant à l’élaboration des blends de Diageo. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et Caol Ila est aujourd’hui bien mise en avant par le groupe, surtout depuis que Lagavulin a du mal à répondre à la demande.
Les 12 ans et 18 ans d’âge sont les versions les plus commercialisées par Diageo, mais on trouve beaucoup d’autres, tant ce malt suscite un intérêt croissant chez les amateurs.
Car, selon l’importance de la tourbe, on trouve avec cette provenance de très grandes variations aromatiques, plus ou moins fumées, plus ou moins végétales, toujours d’une belle puissance, avec parfois des notes iodées, voire salées. Mais aussi du fruité, des épices, du poivre, des herbes aromatiques, voire du miel : avec Caol Ila, si la puissance tourbée est pratiquement toujours au rendez-vous, elle s’accompagne de bien d’autres arômes qui rendent la découverte d’un nouvel embouteillage toujours très excitante, comme on a pu s’en rendre compte au fil des dégustations du Clan.
De plus, de tous les malts tourbés d’Islay, ce sont sans doute ceux de Caol Ila qui s’adaptent le mieux à des finitions en fûts de vins ou d’autres spiritueux. Un atout qui inspire beaucoup les embouteilleurs indépendants…