Où ?
La plus septentrionale des distilleries d’Islay, presque à la pointe de l’île, non loin de Caol Ila. Ses murs épais de granit font parfois penser à une forteresse médiévale. En raison de sa situation en bord de mer, il a fallu ériger une barrière pour éviter que les automobiles ne finissent sur les rochers de la plage. Longtemps, un vieux chalutier était échoué sur la grève, comme un présage de mauvais augure lorsque la distillerie était en sommeil. Son nom signifie “bouche de la crique” et se prononce : “bouna’haben”.
Quand ?
C’est entre 1881 et 1883 que les frères Greenlees ont édifié la distillerie, cherchant à la faire ressembler à un château bordelais. Peu de temps après, elle entre dans le groupe Highland Distillers, où elle restera très longtemps. Agrandie en 1963, elle fut mise en sommeil 20 ans plus tard, ce qui fit craindre un temps qu’elle ne rouvre pas ses portes, comme Port Ellen, fermée à la même époque. Ce ne fut pas le cas, et, après quelques travaux, Bunnahabhain a été remise en service en 2001 et, peu de temps après, vendue à Burn Steward Distillers. Cette société ayant été acquise ensuite par le groupe international Angostura, sa pérennité parait maintenant complètement assurée.
Qui ?
A part celui de ses créateurs, pas de personnage particulier ne semble avoir marqué l’histoire de Bunnahabhain, au demeurant fort tranquille. Seule figure mémorable : le marin barbu en tenue écossaise qui tient la barre d’un navire, saluant de la main on ne sait quel bateau de rencontre. Ce dessin a illustré très tôt l’étiquette du malt, bel hommage à la situation maritime de la distillerie.
Comment ?
D’une capacité moyenne (2,5 millions de litres par an), Buhhahabhain se caractérise par des alambics (au nombre de quatre) imposants et trapus, avec des bulbes en forme d’oignon, ou plus exactement de poire, ce qui explique peut-être la puissance et la rondeur des malts qui y sont distillés. Toutefois, ils ne sont remplis qu’à 47 %, afin que le moût soit davantage en contact avec le cuivre des parois. Les chais de vieillissement sont situés sur place, largement baignés par l’air marin. L’eau provient des sommets environnants, mais est canalisée dans des conduites avant d’arriver à la distillerie, ce qui lui évite de passer par les tourbières.
Quoi ?
Longtemps atypique par rapport à la plupart de ceux d’Islay, Bunnahabhain a surtout élaboré des malts non marqués par la tourbe, même végétale, et encore moins par le fumé. Ronds et très harmonieux, les malts n’en ont pas moins une vraie personnalité, avec une finesse apéritive enrichie par les influences océaniques, et des notes de fruits secs d’une belle élégance.
Longtemps, seul le 12 ans d’âge à 40 % d’alc.vol. était connu et largement diffusé, le reste de la production servant aux blenders. Mais des séries limitées élaborées par des embouteilleurs indépendants se rencontrent de plus en plus souvent sur le marché, souvent marquées par le xérès, qui s’accomode particulièrement bien avec Bunnhabhain.
Toutefois, depuis 2004, sont apparues des versions plus tourbées, avec Moine (6 ans), puis le 10 ans Toiteach, renouant avec un style disparu depuis des décennies.
Le blend Black Bottle, qui contient uniquement des malts d’Islay, associés à un whisky de grain, contient aujourd’hui une proportion plus importante de Bunnahabhain. Il faut dire que les deux marques appartiennent au même propriétaire…