Où ?
Capitale de l’île d’Islay, Bowmore se situe pratiquement en son centre, sur le Loch Indaal. Elle possède une église très originale, car toute ronde, “afin que le diable ne vienne pas se loger dans un coin”. Signe de l’importance du whisky, l’école elle-même est dotée de cheminées en forme de pagodes. La distillerie est installée au bord du loch, et un de ses chais est même situé en dessous du niveau de la mer. Son centre de visite, très bien aménagé, est le plus fréquenté d’Islay. Il y a même une piscine intérieure dans le chai n° 3, chauffée par la vapeur résiduelle de la distillerie.
Quand ?
Fondée en 1779, soit moins de 40 ans après la création de la ville, la distillerie est la plus ancienne d’Islay, voire d’Ecosse. A l’époque, Islay était pratiquement indépendante, et les lois d’Ecosse, voire d’Angleterre, n’y étaient guère appliquées, du moins en ce qui concerne le whisky. Le caractère “illégal” de la distillerie n’était donc que de pure forme.
Qui ?
David Simpson est le fondateur de la distillerie, qui est restée dans sa famille jusqu’en 1837, date de sa vente aux frères Mutter, qui l’ont agrandi en 1852. Elle est restée longtemps indépendante, malgré son passage par différents propriétaires : Joseph Robert Holmes en 1892, Sheriff’s Bowmore Distillerie Ltd en 1925. Le dernier indépendant, William Grigor & Sons, qui en devint propriétaire en 1950, fit faillite 13 ans plus tard, permettant à la société de Stanley P. Morrison d’en faire l’acquisition. Mais, fort de la renommée de la distillerie, le groupe est par la suite rebaptisé Morrison Bowmore. Ayant développé de nombreux contacts en Asie, le groupe attire l’intérêt du japonais Suntory, numéro un des spiritueux à l’époque, qui prend une première participation en 1989, puis la totalité du capital en 1994.
Bowmore a été longtemps marqué par Jim Mc Ewan. Natif d’Islay, il y a débuté comme apprenti-tonnelier, y a appris toutes les techniques de distillation avant d’en devenir le directeur général, puis ambassadeur international. Mais, depuis, il pris en mains la renaissance de Bruichladdich…
Comment ?
Equipée de quatre alambics, Bowmore se distingue par l’existence d’aires de maltage, qui lui permettent de satisfaire une partie de ses besoins. Lors du séchage, la tourbe est effritée complètement (et non utilisée en briquettes) pour mieux aromatiser l’orge. L’eau, provenant de la rivière Laggan, est fortement tourbée. A noter toutefois que la tourbe est ici plus sablonneuse que dans le sud d’Islay. Enfin, les cuves de fermentation, qui furent pendant un temps en acier inoxydable, ont été changées pour des cuves en pin d’Orégon, comme dans le passé, pour donner plus de caractère au moût.
Quoi ?
Il est dit souvent que Bowmore représente une transition entre les malts très tourbés du sud d’Islay (Ardbeg, Lagavulin, Laphroaig), et ceux plus doux du nord (Bunnhahabhain, Bruichladdich, et Caol Ila par certains côtés). Ce n’est pas faux, mais il ne faudrait pas croire pour autant que ses malts représentent une sorte de compromis. Au contraire, ils ont une forte personnalité tourbée (20 à 25 ppm), mais accompagnée d’autres caractéristiques aromatiques, dues notamment à l’emploi important de fûts de xérès (30 % environ).
Porter un jugement global sur ces malts n’est pas chose aisée, d’autant que la distillerie multiplie les embouteillages officiels. De quoi d’ailleurs décourager les embouteilleurs indépendants, peu nombreux à offrir du Bowmore.
La gamme commence avec le Legend… (sans âge mentionné), puis existent les 12 ans, 17 ans, 21 ans, 22 ans, 25 ans, 30 ans et 40 ans (rarissime). Par ailleurs, des séries limitées, avec des finitions variées, sont lancées, et parfois sont disponibles uniquement sur certains marchés exports.
Il y a aussi bien sûr le mythique Black Bowmore, une édition limitée de 1954 à 50°, dont les derniers exemplaires sont soigneusement conservés sous clé à la distillerie… et dans les coffres-forts de quelques amateurs fortunés de par le monde.