Où ?
Au cœur du Speyside, la distillerie est située sur la commune d’Aberlour, dans le Banffshire. A une altitude de 200 mètres, elle se trouve sur le versant nord du mont du même nom. Le site est alimenté par des eaux abondantes, bien filtrées par le granit. La ferme voisine Whitehouse, déjà présente à la création de la distillerie, est toujours existante de nos jours.
Quand ?
Sa création officielle remonte à 1826, mais il est probable qu’il existait déjà une distillerie artisanale plusieurs années avant, créé par Peter McKenzie. Le 19ème siècle n’a guère été favorable à Benrinnes. 3 ans après son ouverture, elle est détruite par un glissement de terrain suite à de fortes inondations. Une nouvelle, baptisée Lyne of Ruthrie, est construite à proximité par John Innes… qui fait rapidement faillite. Son repreneur, William Smith & Co, fera également faillite en 1864. Enfin, en 1896, un violent incendie ravage complètement les installations, nécessitant une reconstruction complète. En 1995, la distillerie va être une nouvelle fois complètement reconstruite pour développer sa production, avec des bâtiments industriels peu plaisants. Les aires de maltage sont remplacées en 1964 par un système Saladin, qui sera supprimé 20 ans plus tard.
Qui ?
Outre son fondateur et ses propriétaires successifs, l’histoire de Benrinnes a été surtout marquée par David Edward, qui en devint le propriétaire en 1864, puis par son fils Alexander. Ce dernier s’est en effet révélé un homme d’affaires influent dans le monde du whisky, ayant notamment fondé Craigellachie et Aultmore, puis devint actionnaire d’Oban. Fondateur de la compagnie Benrinnes-Glenlivet, il a fini par la revendre à Dewar en 1922, qui est intégré en 1925 à la DCL, ancêtre du groupe Diageo, son propriétaire actuel.
Comment ?
Equipée de six alambics depuis 1966, Benrinnes a longtemps été le cadre d’un processus de distillation original, finalement assez proche de celui utilisé à Springbank, et constitue le seul exemple de triple distillation dans le Speyside. Ici, les alambics (2 wash stills et quatre spirit stills) fonctionnaient en triplets (et non en doublets). Les têtes et les queues de la seconde distillation (dans le premier spirit still) sont redistillées à part dans le second spirit still. Les têtes et queues de cette seconde distillation sont ensuite redistillées, lors de la distillation suivante, dans le second spirit still. Rappelons que, habituellement, les têtes et les queues sont mélangées au wash (jus fermenté) lors de la seconde distillation. Toutefois, cette méthode a été abandonnée en 2009, pour un système plus classique, avec deux wash stills alimentant les quatre spirit stills. Mais il n’est pas certain que ce changement devienne permanent.
Quoi ?
Avec un capacité de production de 2,5 millions de litres d’alcool, Benrinnes est avant tout voué à l’élaboration de malts pour le groupe Diageo, notamment pour ses marques J&B, Johnnie Walker et surtout Crawford, peu connu en France.
L’embouteillage en single malt ne remonte qu’à 1991, dans la célèbre collection Flora & Fauna de Diageo, avec un 15 ans d’âge et les quantités ont toujours été limitées. Par la suite, et de façon un peu étonnante pour une distillerie n’ayant de single malt «classique» (10 ou 12 ans), ont été lancés un 21 ans, puis un 23 ans d’âge, et enfin, en 2010, un millésime 1996. Par ailleurs les embouteillages indépendants de Benrinnes sont assez rares sur le marché.
Mais les adhérents du Clan ont eu la chance de déguster des versions assez variées de la production de Benrinnes. Qu’ils soient jeunes (12 ans) ou plus âgés (21 ans), réduits ou bruts de fûts, ils ont développé en général un caractère plutôt opulent, bien épicé et parfois fruité. Autrement dit, un Speyside d’excellente facture, dont la rareté mérite de profiter de ses apparitions dans la Sélection du Clan.