Où ?
Située à Fort William, dans les Highlands occidentales, elle se trouve au pied du mont Ben Nevis qui, avec ses 1 344 mètres, est le plus haut sommet d’Ecosse. Desservie de longue date par le chemin de fer, la distillerie bénéficie également d’une source abondante, Mill Burn, alimentée une bonne partie de l’année par la fonte des neiges.
Quand ?
Une des toutes premières à s’installer dans cette région assez désertique, la distillerie a été fondée en 1825 par John McDonald, surnommée Long John en raison de sa haute taille (1m 93 !), exceptionnelle à l’époque. Ce métayer a profité de la libéralisation de la législation sur le whisky pour devenir distillateur, malgré l’isolement du site. La distillerie fut ensuite gérée par son fils, Donald, qui la fit prospérer, puis par ses héritiers, créant le blend Long John qui est toujours une marque importante de nos jours. Elle fut vendue par la suite à un groupe international. La distillerie a connu plusieurs propriétaires aux résultats parfois hasardeux, avant d’être acheté en 1989 par le groupe japonais Nikka, qui depuis a réalisé d’importants travaux de modernisation, ouvert un centre de visite et lancé de nouvelles versions du single malt.
Qui ?
Outre la figure tutélaire de Long John McDonald, Ben Nevis a connu un autre propriétaire atypique en la personne de Joseph W. Hobbs, qui en fit l’acquisition en 1941. Ce canadien millionnaire (sans doute grâce à la prohibition) a acheté également d’autres distilleries (Bruichladdich, Glenesk, Glenury Royal)… et créé un véritable ranch dans les Highlands pour l’élevage extensif de bétail, avec cow-boys porteurs de stetson. Il a eu aussi l’idée originale d’implanter à Ben Nevis une distillerie de grain, afin de maîtriser complètement la production de ses blends. Hobbs essaya aussi de fédérer les distillateurs indépendants contre la toute-puissance du cartel des leaders formé par DCL, mais sans grand succès en fait.
Comment ?
Plusieurs fois remaniée, la distillerie est aujourd’hui équipée d’une cuve de brassage, de huit fermenteurs en inox et de deux paires d’alambics, lui permettant une capacité de production de 2 millions de litres d’alcool par an. La distillation de whisky de grain a été abandonnée depuis longtemps. Pour le vieillissement, elle utilise principalement des fûts de bourbon, mais aussi de xérès, voire de porto pour des finitions spéciales.
Quoi ?
Assez solitaire dans sa région peu habitée, Ben Nevis ne se rattache pas vraiment à un style particulier. Ses malts sont non tourbés, mais n’offrent pas le moelleux traditionnel des Speyside. Ils possèdent pourtant une belle puissance, axée notamment sur le fruité (pomme cuite, poire, voire réglisse) et bien marquée aussi par les céréales. Ils sont encore relativement méconnus, alors qu’ils offrent un style aromatique finalement original, car inclassable.
Le 10 ans d’âge a été longtemps le seul malt commercialisé par Ben Nevis, avant d’être rejoint plus récemment par un 13 ans en finition porto, un 1992 en single cask (commercialisé en 2007) et dernièrement un 26 ans en quantités très limitées.
On peut par ailleurs trouver quelques références de Ben Nevis chez les embouteilleurs indépendants.
Dew of Ben Nevis est un blend historique, commercialisé en 2002, soit quarante ans après son élaboration par Joseph Hobbs à partir de ses distilleries de malt et de grain. Il existe aussi en version 12 ans d’âge, nettement moins coûteuse…