Où ?
Dans le Speyside, au coeur des Highlands, à proximité de la rivière Livet, qui lui a donné son nom (“glen” signifiant vallée en gaélique). Cette région écartée, au relief accidenté, et peu cultivée, a servi de longue date de refuge aux distillateurs clandestins, d’autant qu’ils y trouvaient de l’eau en abondance. A noter que la distillerie actuelle n’est plus celle des origines, située à deux kilomètres de celle existante actuellement, qui date de 1858.
Quand ?
1824 est la date officielle de la création de la distillerie, mais elle est certainement plus ancienne, ayant fonctionné clandestinement. C’est la première distillerie à avoir obtenu une licence, dès la légalisation de 1823 qui a mis fin à des années de contrebande. Le succès de ce malt et ceux des distilleries voisines fut tel que de nombreuses autres distilleries utilisèrent le terme “Glenlivet”, souvent en l’accolant avec le leur. Le prétexte était une origine géographique valorisante, mais entraîna beaucoup d’abus, certaines étant situées très loin de la Livet, voire du Speyside. En 1880, la distillerie a obtenu l’exclusivité de l’appellation “The Glenlivet”, qui est d’ailleurs toujours la seule à pouvoir être utilisée pour les embouteillages officiels, les indépendants n’ayant droit qu’au nom “Glenlivet”.
Qui ?
George Smith était un métayer du duc de Gordon, auteur de la légalisation des distilleries clandestines, ce qui explique qu’il demanda le premier une licence officielle. Selon une anecdote célèbre, cette initiative lui fit beaucoup d’ennemis dans la région, car il était de ce fait considéré comme un traître à la cause écossaise ; du coup, il ne se déplaçait jamais sans une paire de pistolets, offerts par le seigneur d’Aberlour. Smith n’était d’ailleurs pas son vrai nom, car la famille s’appelait Gobha (ou Gow), un patronyme gaélique. Son fils, John Gordon (dont les initiales JG ornent toujours les bouteilles), développa l’entreprise paternelle en cultivant sa renommée. En 1953, la distillerie est rachetée par Glen Grant, puis devient propriété du groupe canadien Seagram en 1977, ce qui permit au malt de devenir le numéro 1 du marché américain. En 2001, The Glenlivet devient la propriété du groupe français Pernod-Ricard, suite à son rachat des spiritueux de Seagram.
Comment ?
Huit alambics sont en fonction à la distillerie, et les condenseurs sont situés à l’extérieur des bâtiments, afin de profiter de l’air ambiant plutôt froid. Malgré l’impression de pérennité que peut donner la marque bientôt bicentenaire, le malt a certainement beaucoup évolué par rapport à ses origines, sur deux points au moins : il possédait un corps tourbé bien plus puissant qu’aujourd’hui (encore mentionné comme tel en 1924), et le chauffage direct des alambics a été remplacé par un système vapeur. Pourtant, le Colonel George Smith Grant, propriétaire de la distillerie il y a un siècle, affirmait que “des distilleries utilisant cette méthode ne devraient pas avoir le droit d’appeler leur produit du scotch whisky”.
Un tiers environ des fûts utilisés ont contenu du xérès.
Quoi ?
De couleur assez pâle, The Glenlivet dans sa version 12 ans, la plus connue, exprime certainement le mieux la personnalité du Speyside, avec un caractère floral bien marqué, des notes fruitées, beaucoup de souplesse et de moelleux sans agressivité. Les arômes de xérès ou de tourbe sont peu discernables, et la finale est chaleureuse et agréable.
Les embouteillages officiels comprennent le 12 ans, le 18 ans et le 21 ans, ainsi que l’Antique, un assemblage spécifique de malts d’au moins 15 ans d’âge. Il existe aussi, fait rare en Ecosse, plusieurs millésimes (1967, 1968, 1969, 1970, 1972 actuellement) disponibles en quantités très limitées.
Le lancement de Nadurra, en 2005, et depuis décliné en différentes versions (dont un brut de fût) témoigne d’un élargissement de la marque vers des malts plus puissants et plus typés.
Du fait du contrôle étroit opérée par la distillerie, les embouteillages indépendants sont peu répandus, et contiennent souvent des malts très anciens.
