Où ?
Dans le comté de Perth, au coeur des Highlands centrales. La région, très vallonnée et forestière, est particulièrement pittoresque ; Barnard, qui avait visité toutes les distilleries écossaises au 19ème siècle, estimait que Glenturret était situé dans “l’un des plus agréables glens de toute l’Ecosse”. A partir de Crieff, au terme d’une route sinueuse et boisée, la distillerie est située au fond d’un vallon. Une partie de ses bâtiments actuels remonte aux origines de sa création. Le centre de visite, régulièrement agrandi, est l’un des plus fréquentés en Ecosse.
Quand ?
La distillerie date officiellement de 1775, ce qui en fait la plus ancienne d’Ecosse toujours en activité, d’autant qu’on a pu prouver l’existence d’une distillerie “clandestine” au même endroit remontant à 1717. Elle s’appelait à l’origine Hosh, mais fut rebaptisée en 1875 de son nom actuel, d’après celui de la rivière Turret d’où provient l’eau servant à élaborer le whisky.
Toutefois, Glenturret a bien failli disparaître après sa fermeture en 1921. Elle servit alors de hangar de stockage pour le whisky, puis de grange, retrouvant l’utilisation agricole qui devait être la sienne aux origines. Sa résurrection date de 1959.
Qui ?
L’histoire n’a pas conservé le nom des fondateurs de Glenturret, mais, de toute façon, la distillerie actuelle doit tout à James Fairlie, qui la racheta dans les années 50 pour la reconstruire et la remettre en marche à partir de 1959. Amoureux du passé, il a su préserver le charme et le style traditionnel d’une ferme distillerie du 18ème siècle.
Mais, ayant également le sens des affaires, il a aménagé les locaux en centre de visite et de restauration, l’un des plus anciens d’Ecosse et l’un des plus visités. Il faut dire qu’il s’appuie sur la notoriété de Famous Grouse, le blend le plus consommé par les Ecossais.
L’autre personnage célèbre de la distillerie est bien entendu le chat Towser. Gardien des chais, il figure au Guinness des Records pour avoir attrapé 28 899 souris, dûment comptabilisées entre 1963 et 1987. Ce qui lui vaut également sa statue dans la cour de la distillerie.
Comment ?
Du fait de sa reconstruction à l’ancienne, Glenturret est une distillerie de petite taille, d’une capacité de 340 000 litres de malt par an. En effet, elle ne possède qu’une cuve de brassage, huit petits fermenteurs et deux alambics. Ces derniers sont situés à deux niveaux différents, fonctionnant par gravité, ce qui est très rare aujourd’hui en Ecosse. Le premier alambic se distingue par son original bulbe double.
Pour le vieillissement, sont utilisés essentiellement des fûts de bourbon, mais aussi de xérès. 70 % de la production est commercialisée en single malt.
Quoi ?
Ayant remplacé le 12 ans en 2003, le 10 ans d’âge est la version standard de Glenturret, et la distillerie n’en commercialise pas beaucoup d’autres, à part quelques rares single casks. Les embouteilleurs indépendants proposent plusieurs références de bruts de fût.
Dans sa version standard, Glenturret est un malt assez complet, mais avant tout équilibré dans ses déclinaisons aromatiques : un peu malté, un peu floral, un peu agrumes, un peu tourbé, un peu fumé, un peu épicé… sans qu’aucune ne se distingue vraiment et surtout ne l’emporte sur les autres, même dans les versions brut de fût. Plutôt sec (mais avec tout de même du moelleux), c’est avant tout un apéritif qui, certes, ne séduira guère les amateurs d’originalité, mais constitue une belle introduction pour les béotiens en matière de malt.
Glenturret constitue aussi la référence de Famous Grouse, le blend longtemps le plus vendu en Ecosse, même s’il paraîtrait qu’il n’entre que pour 1 % dans sa composition.