La plus occidentale des îles d’Écosse (si on excepte les Hébrides) n’est guère attrayante, avec ses collines caillouteuses ne dépassant pas les 500 m et ses plaines tourbeuses battues par le vent.
Islay n’en constitue pas moins un véritable paradis pour les amateurs de nature sauvage et… de whisky, car elle recèle les malts les plus typés d’Écosse. Islay possède des atouts expliquant la vitalité de la production de whisky. En effet, les terres les plus fertiles lui ont longtemps permis de produire l’orge nécessaire à ses besoins ; l’eau est abondante, et les tourbières, qui fournissaient le combustible, recouvrent encore le quart de la superficie de l’île. Comme ailleurs en Écosse, les premiers distillateurs étaient des fermiers. Mais ici, la distillation illicite a duré bien plus longtemps qu’ailleurs : la régie des alcools ne mit pas les pieds dans l’île avant 1797, et la contrebande restera endémique jusqu’en 1850 au moins.
Entre tourbe et mer
La découverte des malts d’Islay grâce à Laphroaig ou Lagavulin a pu un moment faire croire que la tourbe était le grand point commun des malts d’Islay. La réalité est plus complexe, puisque d’autres malts de l’île sont très peu tourbés. L’autre caractéristique réside en fait dans l’influence océanique qui baigne tous les chais de l’île, et apporte des notes iodées, voire salées, qu’on ne trouve guère ailleurs en Écosse, mis à part dans les Orcades.
Huit distilleries existent aujourd’hui à Islay, dont une, Port Ellen, est fermée depuis 1983, et ses malts sont donc de plus en plus rares. Par contre, juste à côté de l’ancienne distillerie, une malterie moderne a été construite pour approvisionner les autres distilleries en orges maltés.
Au sud d’Islay
Ardbeg, le plus tourbé de tous mais aussi très élégant, a redé-marré sa production après une période de sommeil.
Lagavulin, qui combine la tourbe de l’orge malté et celle provenant d’une eau très tourbée lors de son arrivée à la distillerie, est par ailleurs sensible aux influences maritimes.
Laphroaig, fondée en 1820, est un peu moins tourbé, mais a longtemps été particulièrement âcre, avec des notes salées très nettes. Elle continue à malter sur place une partie de son orge.
Bowmore, situé dans la petite ville du même nom où se trouve une originale église ronde, est la plus ancienne dis-tillerie officielle d’Islay, voire d’Ecosse. Continuant à malter une partie de ses orges, elle se distingue aussi par des chais situés sous la mer.
Plus au nord
Les trois autres malts d’Islay se distinguent par des notes différentes :
Caol Ila, dont la distillerie moderne est la plus imposante de l’île, offre certes des notes tourbées, mais surtout fumées, avec par ailleurs une grande complexité avec des arômes floraux et épicés.
Bruichladdich vient de redémarrer après une longue période de sommeil, produit des malts subtils et d’une grande élégance, sans doute en raison des cols particulièrement longs de ses alambics.
Bunnahabhain, la plus septentrionale, se caractérise par ses accents particulièrement moelleux, surtout maltés et à peine fumés.