Campbeltown est une région à part. Cette petite ville située à l’extrémité du Mull of Kintyre, faisant face à l’Ile d’Islay d’un côté et à l’Ile d’Arran de l’autre, s’est distinguée dans le passé par le grand nombre de distilleries qui s’y trouvaient. En effet, à son âge d’or à la fin du 19ème siècle, elle en comptait sans doute une trentaine en ville et dans ses environs. La Prohibition américaine leur porta un coup fatal, car pour fournir les trafiquants, les distilleries élaborèrent des malts de mauvaise qualité, utilisant même des tonneaux ayant contenu des harengs, d’où le surnom de «poisson puant» donné à l’époque au whisky de Campbeltown.
La complexité des malts du Kintyre vaut mieux que cette mauvaise réputation, combinant d’une façon originale la tourbe, l’iode et le xérès.
De nos jours, il reste 2 distilleries dans la région, dont l’une, Glen Scotia, est tenue à bout de bras par l’autre, Springbank. Car la mythique distillerie de Glen Scotia ne produit que par intermittence. Son whisky est en fait élevé dans les chais et par les maîtres de chai de sa concurrente locale, la non moins mythique Springbank.
Le talent des Mitchell
La famille Mitchell, propriétaire de Springbank depuis 1828, maintient à elle seule l’originalité du style somptueux et complexe des malts de Campbeltown, dont l’aptitude au vieillissement est particulièrement remarquable.
Tout est fait ici sur place, du maltage de l’orge jusqu’à l’embouteillage, dans le respect des plus anciennes traditions. Autre originalité, sans équivalent en Écosse : si l’eau-de-vie est d’abord distillé deux fois comme ailleurs, les têtes et les queues sont ensuite redistillés à part, puis ajoutées à la première eau-de-vie.
Sortent également de ses alambics deux autres malts de styles différents : Longrow, beaucoup plus tourbé, et Hazelburn non tourbé, distillé trois fois comme dans les Lowlands. Enfin, ils viennent de rouvrir l’ancienne distillerie Glengyle, dont les premiers malts baptisés Kilkerran devraient être commercialisés en 2014…
Les Mitchell sont également propriétaires de la société Cadenhead’s, qui élève dans ses chais et commercialise des malts peu ou non réduits, mais aussi des rhums de grande qualité. Non filtrés et embouteillés à leur plénitude, ses bruts de fûts constituent une référence incontournable pour les amateurs.