Dans quelques jours, dans quelques semaines, la plupart d’entre vous partirons en vacances, certains vers des contrées lointaines, d’autres vers le calme des soirées entre amis dans un lieu familier, ce sera encore pour beaucoup les retrouvailles familiales qui marqueront cet été, avec le « blending » des générations, la cuisine en plein air et les cocktails improvisés.
Où que vous soyez, le plaisir des vacances c’est aussi la promesse de découvertes, d’évasion parfois, le besoin de flâner, le hasard des rencontres, et sous tous les climats la curiosité vers des choses inhabituelles. Alors pourquoi ne pas voyager un dram dans vos bagages, et aller à la découverte de whiskies insolites ?
Sans quitter l’hexagone, vous pourriez en Bretagne, vous diriger vers Pleubian et la distillerie Glann a Mor qui distille des whiskies originaux, soucieuse de rivaliser avec les meilleurs, vers Lannion c’est l’ARMORIK et le WHISKY BRETON que vous pourrez tester, ou encore vers la distillerie des Menhirs à Plomelin qui élabore l’EDDU à base de froment. Guillon en Champagne, Michel Couvreur à Beaune, même sans racines Gaëliques la passion les anime et sont prêts à la partager !
Chez nos amis corses, la gastronomie ce n’est pas seulement le gibier, le brucciu, les poissons de roche et les vins de Patrimonio, c’est aussi le PM de la brasserie Pietra: les saveurs du maquis alliées au parfum du muscat.
Mais si c’est vers les Pyrénées et l’Espagne que vous mènent vos pas, vous n’aurez aucun mal à dénicher le DYC ou le DOBLE V (rappellerai-t-il un certain LABEL 5 ?) avec lesquels nos voisins Ibériques, non contents de sacrifier leurs taureaux, essaieront de vous mettre à terre.
Si le souvenir du brave soldat Svejk vous ramène vers la Mittle Europa , si la nostalgie de Prague la baroque, le pont Charles, le fantôme du Golem vous attirent, alors vous goûterez peut-être le PRINTER’S au bar de l’hôtel Europa.
Chez nos voisins allemands le SCHWÄBISCHER (évidemment d’origine Souabe comme son nom l’indique…) et le RACKE RAUCHZAT (d’origine plus incertaine, peut-être distillé en Ecosse) pourraient vous distraire de l’habituelle saucisse-bière.
Remontons vers le nord et la Suède pour tester (pourquoi pas ?) le MACK MYRA.
Quittons maintenant l’Europe, que ce soit sac au dos avec le « Routard » en poche, ou de palaces en palaces pour les mieux fortunés, il semblerait que peu de pays échappe, hélas, à l’aventureux challenge de l’élaboration d’un whisky. Et nous ne pourrons pas toujours échapper à la fureur de distillateurs démoniaques soucieux de doter leur pays de breuvages incertains.
Vers les Indes ce serait le GOLD CROWN ou mieux le AMRUT, en Thaïlande le MAEKONG, en Turquie l’ANKARA (dit malt wiski….), a Chypre le OLD OAK, en Egypte le AULD STAG, en Syrie le SHAM ( A propos duquel j’ai lu ce commentaire « l’eau rance d’Arabie »).Que d’imagination !
Mais montons maintenant vers des sommets bien réels si ce ne sont des sommets dans l’art de la distillation. Après une rapide ascension du Kilimandjaro (5895 mètres malgré tout !) pourquoi ne pas tester le REGENCY dans un bar Tanzanien ? Et si c’est le tour des Annapurnas qui vous tente, vous n’éviterez peut-être pas le MOUNT EVEREST commis par la distillerie Shree à Katmandou. A défaut de vous monter vers des sommets il pourrait bien vous plonger dans l’abîme !
Ces flacons, pour la plupart, s’il vous prenait l’envie d’en ramener, finiraient sur une quelconque étagère comme d’aimables souvenirs de vacances, à moins que vous n’ayez envie d’étonner vos amis en leur proposant d’élaborer de déroutants cocktails exotiques qui «… se fabriquent en secouant une mixture composée des alcools industriels qui vous tombent sous la main. On peut y ajouter de la mayonnaise, du pétrole, du jus de réglisse et de la graisse de chevaux de bois » (Curnonsky). Ces découvertes seront peut-être associées à des moments inoubliables, et nous renverrons à la vanité de nos critiques habituelles.
Gérard TRENTESAUX