« Le whisky est un traitement pour lequel il n’y a pas de maladie »
John Fergus
Sans doute l’usage des vertus médicinales de l’usquebaugh fut longtemps la priorité des moines. Puis, les chirurgiens-barbiers d’Edimbourg eurent à l’aube du 16ème siècle le privilège et l’exclusivité de la distillation et de la vente de l’eau de vie. Mais mon Dieu, qu’en faisaient-ils? Ces potions agricoles et rudimentaires devaient être probablement imbuvables!
Et jusque-là l’engouement récent pour les single malts et leurs multiples facettes, la notion de dégustation n’était que symbolique.
Si déguster est un des bons plaisirs de l’existence, alors n’épuisons jamais ce sujet , le pourquoi et le comment de la dégustation, tant il est vrai que c’est une manière de mêler le passé au présent, le présent à l’avenir, l’amateur n’aimant rien autant que d’évoquer ses découvertes passées et de se projeter vers d’autres expériences. L’occasion aussi d’échanger entre partenaires d’une même passion, de comparer nos impressions, de découvrir la subjectivité de nos commentaires.
Fumeurs de cigares, goûteurs de thés, fanatiques des huiles d’olive, croqueurs de chocolat, fervents de réunions œnologiques, c’est le plus souvent au sein de clubs qu’ils s’expriment et nous ne faisons pas exception. Nos collègues, tout comme nous, vont appeler leurs différents sens avec souvent une curieuse similitude de termes pour communiquer leurs impressions. La vue d’abord pour décrire la couleur, l’aspect, le corps, l’odorat ensuite pour les sensations et les différents arômes primaires puis secondaires, le goût enfin pour la texture, les saveurs, l’équilibre, reflet d’une sensation d’harmonie, et la finale enfin restant comme un écho de tout ce qui précède. Ce n’est pas par hasard que l’on emploiera souvent les uns et les autres des termes empreints d’une certaine sensualité : le nez, le corps, la jambe, le gras, la bouche….toutes choses qui ont du sens même si le sens n’est plus le même.
Mais si les réunions organisées par nos clubs sont des endroits privilégiés pour faire des découvertes, rencontrer des amateurs expérimentés, y recueillir des commentaires pointus, il reste une place bien sûr pour organiser des réunions privées.
Sans doute pour réussir une dégustation faut-il, pour l’agrément et la convivialité, réunir quelques amis et autres amateurs autour de soi, disons entre deux et trente….disposer d’un endroit sympathique où l’on pourra se détendre debout ou assis (doit-on en bannir les fumeurs ?), préparer des verres à Armagnac ou des « copitas » à Xérès, d’une transparence exemplaire, qui heureusement ne laissent pas de place pour de la glace, mais permettrons de mieux concentrer les arômes de nos breuvages et d’y plonger notre nez avec élégance! De prévoir cependant une eau neutre et fraîche, peu minéralisée, non gazeuse bien sûr, à la fois pour diluer (raisonnablement) nos eaux-de-vie, comme le font beaucoup de professionnels et la plupart des Ecossais , éviter la brûlure de l’alcool et ouvrir ainsi la palette des arômes volatils . Et puis bien sûr, pour se refaire la bouche entre deux whiskies ! Sélectionner trois ou quatre versions d’une même distillerie (verticale) ou bien des produits issus de régions différentes choisies pour leur caractéristiques originales . Certains, et beaucoup d’entre-nous, préférerons le whisky « sec »( doux euphémisme pour un liquide…) ou le choc avec le degré naturel d’un whisky non réduit dégusté à très petites gorgées, appréciant ses arômes, mais aussi ses « effets »! Somme toute, si l’on respecte certaines recommandations, dégustons nos whiskies comme bon nous semble.
Et maintenant, Slainte Mhath
Gérard TRENTESAUX